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Les puces : des compagnons méconnus

Médecine vétérinaire générale - Parasitologie

 

 

Les puces

Des compagnons méconnus

 

 

 

Les puces sont des parasites excessivement fréquents, que seule une gestion au long terme permet de contrôler, au moyen de traitements réguliers. L'éradication en cas d'infestation massive nécessite des efforts soutenus.

Mais qui connaît réellement ses puces de compagnie ?

 

 

Qu'est-ce qu'une puce ?

 

  • les puces

Les puces sont des Insectes. De nombreuses espèces de puces existent, chacune étant plus ou moins spécialisée sur certaines cibles alimentaires. Par exemple, la « puce du chien » ne peut vivre que dans l'environnement proche d'un canidé. L'espèce de puces la plus fréquemment rencontrée dans la vie courante, est la « puce du chat », Ctenocephalides felis felis, qui n'est pas aussi exigeante que sa cousine cynophile. Certes, les félins constituent son cœur de cible, mais beaucoup d'autres Mammifères lui permettent de survivre et de se reproduire : chiens, lapins, rongeurs domestiques ou sauvages, mais aussi l'espèce humaine figurent à son menu.

 

  • aspect de la puce du chat

La « puce du chat » est un Insecte, et possède donc 6 pattes, la paire postérieure étant adaptée au saut. C'est un parasite hématophage, c'est-à-dire que son régime alimentaire est exclusivement constitué de sang à l'âge adulte. Ses pièces buccales, de type piqueur, lui permettent des repas sanguins parfois prolongés, et qui peuvent laisser à la victime un souvenir irritant en raison de la transmission de salive potentiellement allergisante.

Le cycle de vie de la puce comporte plusieurs étapes entre l'œuf et l'âge adulte : les larves écloses des œufs subissent plusieurs mues avant de former des pupes, qui libéreront un individu adulte affamé.

Une puce adulte mesure quelques millimètres (1 à 8 mm), son corps est aplati latéralement, ce qui facilite la fuite entre les poils. La couleur varie du jaune au brun. Bien qu'insecte, la puce est aptère, c'est-à-dire dépourvue d'ailes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un sourire sur les photographies d'identité ?

 

 

 

 

De quoi une puce est-elle capable ?

 

  • des aptitudes incroyables

L'aptitude au saut est remarquable : la « puce du chat » parvient à effectuer des sauts de 20 à 30 centimètres aisément (le saut le plus court mesure 2 cm, le plus long 48 cm). Cette performance pour un insecte de quelques millimètres, transposée à l'échelle humaine, correspond à un saut de la hauteur de la Tour Eiffel, avec une accélération considérable (force gravitationnelle de 140 G, à comparer avec les 6 G qu'affrontent les pilotes d'avions de chasse).

En outre, la puce peut effectuer 600 sauts par heure et tirer 400 fois son propre poids … Autre prouesse, la durée du premier accouplement d'une puce dure en moyenne 63 minutes.

 

  • les effets secondaires induits par la présence de ces charmants parasites

La présence parasitaire de puce chez nos compagnons canins et félins n'est pas dénuée d'effets secondaires. Les conséquences en sont principalement des troubles dermatologiques, depuis une irritation légère jusqu'à une « DHPP » (acronyme pour Dermatite par Hypersensibilité aux Piqûres de Puces), la salive des puces étant irritante pour les victimes jugées comestibles. Le phénomène s'accentue d'une exposition à l'autre, et peut créer d'importantes lésions cutanées. Une unique piqûre peut à elle seule entraîner trois semaines de démangeaisons ininterrompues.

En outre, le passage de la salive de puces dans l'organisme des victimes constitue une voie de transmission idéale pour nombre de pathologies infectieuses : la peste bubonique chez l'homme, par exemple, ou encore aujourd'hui l'hémobartonellose chez le chat, entre autres. Des parasites peuvent également être transmis, notamment Dipylidium caninum (une sorte de Taenia) lors d'ingestion d'une puce au cours du toilettage du pelage.

 

 

 

 

 

 

 

 

       En plein repas ...

 

 

 

 

 

Comment vit une puce : cycle de vie

 

1. une puce adulte, pond ...

2. des œufs, desquels sort ...

3. une larve, qui devient ...

4. une pupe contenant ...

5. la nymphe, qui se transforme en puce adulte (recommencer en 1.).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • de l'œuf à l'adulte

Les œufs, de forme ovale, mesurent en moyenne 0,5 millimètres, de couleur blanc nacré. Selon la température et l'humidité de l'environnement, l'éclosion peut prendre 1 à 10 jours.

 

Les œufs libèrent des larves, vermiformes et dépourvues de pattes, qui se déplacent par reptation. Les larves se nourrissent des déjections des puces adultes (les crottes sont gorgés de sang partiellement digéré), ce qui assombrit leur couleur. La phase larvaire comporte deux mues, puis la larve se transforme en nymphe. La durée de la phase larvaire varie, toujours selon les conditions environnementales, de 5 à 11 jours. Au fil des mues, la taille augmente, passant initialement de 2 millimètres, à 5 millimètres avant la pupaison.

La phase larvaire est le stade le plus fragile du cycle de vie de la puce. Cependant, les larves disposent d'atouts leur permettant de trouver un habitat favorable : elles fuient la lumière, mais recherchent l'humidité, et si possible à s'enfoncer dans le milieu de vie. Ceci explique qu'elles se dirigent vers les lieux sombres, notamment la profondeur des tapis et moquettes. En outre, la dernière forme larvaire est capable de se déplacer jusqu'à 46 centimètres sur une moquette. Ces aptitudes, combinées à l'adhérence du corps des larves aux fibres textiles, permettent la résistance des larves vis-à-vis des mesures habituelles de nettoyage : l'aspirateur élimine 90 % des œufs de puces, mais seulement 20 % des larves.

 

La dernière larve produit une soie collante, qui forme un cocon dans lequel elle se transforme en nymphe. Cette étape, appelée pupaison, peut se réaliser même sans cocon. Là encore, l'influence des conditions climatiques est forte : les adultes émergent en moyenne au bout de 5 à 10 jours.

La pupaison est le stade qui présente le plus de résistance aux traitements. D'une part, le cocon même s'il est facultatif, constitue une protection physique efficace pour des nymphes dont les besoins métaboliques sont très réduits, et d'autre part l'emplacement, à la base des fibres des moquettes, permet d'échapper aux traitements insecticides et aux variations environnementales néfastes (ce qui explique que malgré un traitement efficace sur les adultes, des nymphes peuvent laisser émerger de nouveaux adultes 2 à 3 semaines plus tard).

 

Des pupes émergent des puces adultes, affamées. Dans un environnement domestique moyen, le cycle dure 3 à 4 semaines.

 

  • de l'adulte aux œufs

Dès l'émergence, la puce adulte recherche un hôte, et se dirige naturellement vers des mouvements, une chaleur corporelle, et les gaz émis par la respiration d'un Mammifère. À l'inverse des larves, l'adulte est attiré vers la lumière, et spontanément sort des tapis et moquettes. Avant le premier repas, la survie est possible plusieurs jours.

La puce est un parasite externe discret, qui reste fidèle à son hôte et apparemment ne le quitte qu'en cas de force majeure (décès de l'hôte, toilettage, rencontre d'un hôte potentiel plus appétissant, sur-population de puces sur l'hôte incitant à la migration, …). Dès qu'une puce a rencontré son repas pour la vie, elle commence à se nourrir en 30 secondes en moyenne, et le repas à l'extrême peut durer plusieurs heures.

 

Les puces femelles se retrouvent en plus grand nombre que les mâles. Leurs besoins sont également plus grands (la production massive d'œufs demande beaucoup de ressources). Raisons pour lesquelles les puces femelles se nourrissent plus souvent et en plus grandes quantités que les puces mâles. Des études ont mesuré en volume sanguin la consommation quotidienne des puces femelles : 72 puces femelles prélèvent sur un hôte 1 millilitre de sang par jour.

Ectoparasite, la puce est cependant profilée pour se glisser entre les poils. L'inspection du pelage aussi attentive et minutieuse qu'elle soit, ne permet pas l'observation systématique des puces. En revanche, la présence d'excréments de puces est un signe d'infestation facile à mettre en évidence. Les matières fécales des puces ont une forme de tubes oblongs ou de petits grains noirâtres, et sont constituées de sang partiellement digéré responsable de la coloration. Non-adhérentes, les matières fécales tombent librement du pelage dans l'environnement de l'hôte.

 

Dès la sortie du cocon, les adultes sont aptes à la reproduction. Le premier accouplement se produit quelques heures après le premier repas sanguin (et dure en moyenne 63 minutes). Les accouplements multiples sont fréquents. La ponte débute 36 à 48 heures après le premier repas sanguin.

La capacité de ponte est très forte, avec une moyenne chez la « puce du chat » de 27 œufs par jour. Chaque jour, la puce pond son propre poids en œufs. Ceux-ci, non-adhérents, chutent librement du pelage vers le lieu de vie de l'hôte. Ainsi, les œufs qui libèrent les larves se trouvent au même lieu que les matières fécales des adultes, dont se nourrissent les dites larves.

 

 

Par quels moyens gérer les problèmes ?

 

Le cycle de vie de la puce est inféodé aux ressources alimentaires des puces adultes et à l'environnement où les formes larvaires peuvent se développer. Aucune influence saisonnière n'est observée : en effet, les puces suivent leur hôte, jusque dans nos habitations, où règnent des conditions climatiques propices. Il n'y a donc pas de trêve hivernale de la part des puces !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Le but à atteindre !

 

 

 

  • traitement de l'animal parasité

Pour l'essentiel, les produits visant à traiter l'animal parasité sont centrés sur lui, et non sur son environnement. Les formes (notamment en pipettes), visant également à gérer l'infestation de l'environnement, ne traitent que l'espace proche de l'animal infesté, et non l'ensemble de l'habitat.

 

Différentes méthodes permettent le traitement de nos compagnons :

  • des poudres : très faible rémanence sur l'animal, diffuse plutôt dans l'environnement. Les formes existantes n'ayant pas prouvé leur efficacité ou ne respectant pas la Normes Européennes quant à la protection de l'environnement (ce sont des produits toxiques polluants), plus aucune n'est disponible dans le circuit vétérinaire afin de traiter contre les puces nos compagnons canins ou félins. D'autres produits efficaces et des formes plus pratiques existent.

  • des colliers : aucun collier n'ayant d'efficacité insecticide, les colliers sont à réserver au traitement des tiques (sous réserve). D'autres produits efficaces et des formes plus pratiques existent.

  • en lotion ou bain (immersion) : reste un seul produit, réservé aux chiens, d'usage peu pratique.

  • solution buvable, injection (chez le chat) ou comprimés (chiens et/ou chats) : deux molécules cohabitent dans cette rubrique, avec des modes d'action différents. L'une existant en comprimés pour chiens et chats, tue les puces adultes mais nécessite une piqûre de puce afin que celle-ci s'empoisonne. Sa faible rémanence et l'inconvénient de la piqûre préalable la réserve à des usages particuliers. L'autre molécule, sous forme de comprimés pour chiens et de solution buvable ou solution injectable chez les chats, ne tue pas les puces adultes, mais interrompt le cycle de reproduction. L'usage exclusif est de peu d'intérêt, puisque les adultes responsables des nuisances essentielles ne sont pas détruits.

  • shampooings anti-parasitaires : faible rémanence qui n'empêche pas l'invasion par de nouvelles puces. D'autres produits efficaces et des formes plus pratiques existent.

  • aérosol (spray muni de gaz propulseur) : intéressant pour l'effet « coup de poing », foudroyant sur les adultes et les larves. La rémanence très faible de la molécule nécessite de combiner avec d'autres formes de traitements.

  • pipettes (forme également appelée « spot-on ») ou pulvérisateurs (spray muni d'une pompe manuelle) : à l'heure actuelle les pipettes de produits adaptés constituent le meilleur choix en termes d'efficacité et de pratique. Quelques règles simples sont à respecter pour tirer le meilleur parti de la forme spot-on.

  • comprimés : arrivés plus récemment dans nos cliniques, ces produits sur prescription ont pour inconvénient de nécessiter une piqûre préalable à leur action, puisque la puce n'est pas tuée par contact, mais bien suite à l'ingestion du produit présent dans la circulation sanguine de son hôte.

 

  • traitement de l'environnement où vit l'animal parasité

Le but du traitement environnemental est d'éliminer les puces adultes malencontreusement sans hôte, mais surtout les formes immatures présentes dans l'environnement global (pas uniquement les lieux de passage, mais l'ensemble de l'habitation).

 

Différents produits existent sous différentes formes pour traiter l'environnement :

  • diffuseurs, mini-diffuseurs selon la surface traitée (également appelé « foggers »)

  • aérosols (spray muni de gaz propulseur)

  • solutions à diluer pour pulvérisation

 

 

Une seule méthode de traitement convient rarement seule, et jamais en usage unique. La combinaison de différentes méthodes nécessite la connaissance approfondie du cycle de la puce et de ses spécificités, et la maîtrise des propriétés des produits existants, ainsi que motivation et persévérance !

 

Quels que soient vos problèmes, vos besoins, n'hésitez pas à en parler à votre vétérinaire traitant et son équipe ! 

 

 

En résumé :

  • Ne pas voir de puce ne signifie pas qu'il n'y en a pas ! Statistiquement, on ne voit que 10 % des puces adultes présentes, c'est-à-dire qu'il y a 9 chances sur 10 de ne pas voir de puce alors qu'il y en a.
  • Quand on se rend compte qu'il y a des puces, le problème est plus ancien que ce qu'on imagine, tout le cycle de vie des puces a eu le temps de s'installer à la maison. Après l'introduction d'une puce dans en environnement sain, on estime qu'il faut 6 mois (minimum) de traitement pour assainir à nouveau l'environnement en question.
  • Donc, rien ne vaut le traitement en prévention ! Attendre de voir des puces pour traiter revient à installer à la maison un détecteur de fumée lorsque celle-ci est en feu ...

 

Informations complémentaires sur le site de l'ESCCAP :

https://www.esccap.fr/arthropodes/puces-chien-chat-homme-autre.html