L'odyssée de la vie de Testudo hermanni
Testudo hermanni ou "tortue d'Hermann" est une espèce non domestique protégée en France. Les accouplements commencent au printemps, les éclosions en septembre.
Les tortues d'Hermann en captivité se reproduisent sans difficulté majeure du moment qu'elles sont maintenues dans de très bonnes conditions (alimentation variée et équilibrée, environnement et enclos adaptés) avec un rythme biologique respecté.
Maturité sexuelle et dimorphisme
Les mâles sont généralement plus précoces que les femelles : la tortue d'Hermann femelle se reproduit à partir de 12 ou 14 ans, les mâles eux peuvent se reproduire à partir de 10 ans. Le dimorphisme sexuel sur des tortues adultes est assez marqué : le plastron du mâle est concave, sa queue est longue et épaisse à la base, l'orifice cloacal est au-delà du bord postérieur de la carapace et l'écaille supra-caudale qui est juste au-dessus de la queue est repliée vers l'intérieur. La femelle adulte est généralement plus grande que le mâle, son plastron est plat, le cloaque est plus près du plastron et l'écaille supra-caudale est plane et plutôt ouverte vers l'extérieur.
Accouplement, ponte, incubation
Les accouplements commencent au printemps en mars-avril et les pontes débutent en mai-juin : une à deux pontes, espacées de 10 à 20 jours. La tortue d'Hermann occidentale pond en moyenne 3 à 5 œufs par ponte, après avoir creusé son "nid" dans un terrain meuble et ensoleillé. Les œufs mesurent entre 3 et 4 cm de long et 2,7 à 3 cm de large. La ponte dure 2 à 3 heures, la femelle recouvrira ses œufs de terre et d'herbe avec ses pattes postérieures, et ne s'occupera plus de ses œufs durant les 3 ou 4 mois d'incubation.
Chez les chéloniens, les rétentions d'œufs sont assez fréquentes, mais difficiles à diagnostiquer. Comportement devant laisser suspecter une rétention d'œuf : tortue cherchant à creuser un nid mais sans pondre, très active, puis qui progressivement s'affaiblit et ne mange plus.
Éclosion
Les éclosions ont lieu en septembre, après les premières pluies qui vont ameublir le terrain et permettre aux jeunes tortues de sortir facilement. Le laps de temps entre l'éclosion du premier et du dernier œuf d'une même couvée est très variable et peut durer de quelques heures à deux semaines. La sortie de l'œuf est lente et demande souvent plusieurs jours. Au fur et à mesure que l'embryon se développe, la porosité de la coquille augmente du fait de l'absorption du calcium par l'embryon et sa structure s'affaiblit. La jeune tortue casse la coquille grâce à une protubérance cornée située juste sous les narines appelée "dent" ou caroncule de l'œuf, cette "dent" disparaîtra quelques mois après la naissance.
Généralement la jeune tortue est placée en diagonale dans la plus grande longueur de l'œuf, un peu enroulée sur elle-même, ce qui induit un plastron plié qui prendra une forme normale au fil des jours.
Après avoir brisé l'œuf et créé un trou pour respirer, la petite tortue met encore plusieurs heures voire un ou deux jours avant de sortir définitivement de sa coquille. La jeune tortue a encore le sac vitellin (plus ou moins volumineux) visible au niveau du plastron, relié à l'appareil digestif de l'animal par un pédoncule ombilical. Ce sac vitellin se résorbera progressivement en quelques jours.
Les petites tortues qui sont des copies conformes, miniatures, des adultes, mesurent à la naissance environ 40 mm de long pour 34 à 37 mm de large, et pèsent 10 à 15 g. Le nettoyage et l'hydratation des jeunes tortues doivent se faire à la sortie de l'œuf, en les baignant dans de l'eau tiède pendant 10 à 20 minutes, elles seront ensuite maintenues à une température proche de 28°C tant que le vitellus sera apparent.
Alimentation des jeunes tortues
Les jeunes tortues mangent généralement dès le 3ème jour. Elles acceptent une alimentation identique aux adultes, qui leur sera distribuée quotidiennement deux fois par jour. L'équilibre (rapport Ca/P>1,5) et la diversité du régime alimentaire sont très importants : pissenlit, trèfle, endive, persil, épinard, chou, céleri-branche, figue fraîche ... seront proposés sans restriction. Les tomates, fraises, framboises, melons, laitues ... bien qu'ayant un rapport phospho-calcique inférieur à 1 pourront être distribués en complément.
Cadre légal de sa détention
La détention de Testudo hermanni est autorisée dans un cadre légal strict depuis septembre 2006. Avant tout achat, les futurs propriétaires doivent se référer aux textes réglementaires et se rapprocher des autorités compétentes, afin de répondre à certaines obligations :
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une demande d'autorisation de détention d'animaux d'espèces non domestiques (Cerfa n°12447*01), à déposer à la Préfecture du département du domicile
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un certificat intracommunautaire individuel
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la facture d'achat de l'animal
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avoir un registre des entrées et sorties d'animaux d'espèces non domestiques dans l'élevage d'agrément (Cerfa n°12448*01)
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la déclaration de marquage d'un animal d'espèce non domestique (Cerfa n°12446*01), document remis par le vétérinaire lors du marquage
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une attestation de cession.
------> identification par implantation d'un transpondeur électronique (ou puce,
dispositif spécifique faune sauvage) au niveau de la cuisse gauche
Bibliographie :
Caro F et Bourdeau P (1994). Tortues d'eau douce et tortues terrestres, Collection Animaux Familiers, 2ème Édition.
Devaux B (1995). Tortue d'Hermann. Le déclin d'une espèce. Science & nature, hors série spécial "tortues", 4-11.
Simatos Henning J (1996). Testudo hermanii hermanii Gmelin : anatomie, biologie, écologie et situation actuelle en France. Thèse Doc Vet Toulouse, 61-81.
Schilliger L et Gérard P (1998). Allo, veto !
100 questions/réponses sur les reptiles, Philippe Gérard Editions. Wilke H et Anders U (1999). La tortue. Ed Marabout, 86-91.
Devaux B (1999). La tortue sauvage ou tortue d'Hermann. Ed Sang de la terre, 70-116.
Devaux B (2000). Les tortues en 100 questions. Ed Sang de la terre, 39-44.
Wilke H (2001). Tortues de terre. Les conseils d'un expert, Ed Hachette, 42-45.
Avanzi M (2002). Les tortues terrestres. Ed De Vecchi, 54-63.
Atlas de terrariophilie, Vol 2 (2002). Les Tortues terrestres et aquatiques, Éditions Animalia. Schilliger L (2004). Guide Pratique des maladies des reptiles en captivité, Éditions Med'com
Liens utiles :
Identification de la faune sauvage protégée (fichier i-fap) https://www.i-fap.fr/
fiche Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Tortue_d%27Hermann
programmes d’action Life pour la tortue de Hermann http://www.tortue-hermann.eu/
fiche chéloniophile https://www.cheloniophilie.com/Fiches/Hermanni.php
inventaire National du Patrimoine Naturel https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/77433
Village des tortues à Carnoules http://www.villagedestortues.fr/