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L’alimentation du cheval âgé
Grâce aux progrès de la médecine vétérinaire (soins, alimentation, outils de diagnostic, traitements, etc.), les chevaux vivent de plus en plus vieux et en meilleure santé. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir des chevaux âgés de plus de 30 ans ! Cependant, à partir de 20 ans, la plupart d’entre eux commencent à montrer des signes de vieillissement, et en particulier un amaigrissement. La fonte musculaire est surtout visible au niveau du dos et de l’arrière-main. Il faut alors modifier leur alimentation, surtout s’ils continuent à fournir un travail, même léger.
Quelles modifications faut-il apporter à l’alimentation ?
La plupart des chevaux à la retraite vivent toute l’année au pâturage. Pour s’adapter aux modifications du métabolisme (en particulier la digestion qui devient paresseuse) et éventuellement de la dentition (perte de dents, dents qui bougent, gencives douloureuses), plusieurs points sont à surveiller.
- La digestion est souvent moins bonne chez les chevaux âgés. Compensez les problèmes de malassimilation par une augmentation progressive de la ration énergétique, sous forme de céréales en grains ou de granulés par exemple. Les granulés sont faciles à stocker et à utiliser, mais un peu plus chers que les céréales en grain. Si votre cheval a des problèmes de mastication, faites tremper les céréales et les granulés 1 à 2 heures dans de l’eau avant de lui présenter. Il existe également des formes floconnées.
> Même sans ouvrir la bouche du cheval, vous pouvez estimer l’état de ses dents en observant la façon dont il se nourrit et ses crottins. S’il a tendance à baver et à recracher des aliments en mangeant, si vous voyez des aliments entiers non mâchés dans les crottins, c’est que sa dentition le gêne.
- Choisissez des aliments riches en protéines (12 à 14 %), comme le tourteau de soja ou la luzerne, et en matières grasses (5 à 8 %).
- Supplémentez la ration en acides gras essentiels. Vous pouvez rajouter dans la ration quotidienne ½ à 1 verre d’huile de table contenant des omégas 3 et 6 ou d’huile de soja, colza, lin ou poisson.
- Maintenez un taux de cellulose suffisant pour limiter les stases digestives (arrêt du transit) et les dysmicrobismes (modification de l’équilibre de la flore microbienne intestinale), sous forme de foin coupé, herbe de prairie, fourrages enrubannés. En revanche, diminuez progressivement l’apport de paille, ce fourrage grossier étant plus difficile à digérer au niveau du gros intestin.
> Le foin doit être de bonne qualité, non poussiéreux et récolté tôt dans la saison, il est alors plus digestible. Il peut éventuellement être haché en morceaux de moins de 1 cm. Il ne faut jamais supprimer totalement le foin, même si le cheval a du mal à le mâcher, cela l’occupe physiquement et mentalement.
- Les chevaux insulino-résistants (atteints de Cushing ou du syndrome métabolique équin) sont sujets aux fourbures chroniques. Il faut pour eux limiter l’apport d’aliments riches en amidon. La luzerne, le son de riz ou de blé, la pulpe de betterave… contiennent moins d’amidon (index glycémique bas) que le maïs, l’avoine ou l’orge.
- Modifiez la composition du complément minéral (augmentation des taux de magnésium et de potassium mais diminution du taux de sodium) pour limiter la rétention d’eau souvent liée à une diminution de l’activité.
- Complémentez en vitamines, en oligo-éléments et en probiotiques (levures vivantes par exemple). Les vitamines et les oligo-éléments permettent de lutter contre la déminéralisation et de favoriser le bon développement des phanères (poils et sabots). Les probiotiques stabilisent l’équilibre de la flore intestinale et augmentent la digestibilité de la ration. La spiruline (extrait d’algues marines riche en protéines, en acides gras essentiels et en vitamines) peut également aider à compenser la mauvaise absorption intestinale chez un cheval agé.
- N’hésitez pas à faire des cures de compléments alimentaires, choisis en fonction des priorités : beauté du pelage en période de mue, détoxification du foie ou des reins, renforcement de l’immunité, douleurs articulaires, amélioration des voies respiratoires, etc.
- Et n’oubliez pas de l’eau propre et fraîche, renouvelée tous les jours et facile d’accès (multipliez les points d’eau si votre cheval a du mal à se déplacer).
Y a-t-il d’autres points à surveiller ?
Effectuez un suivi vétérinaire régulier, car un amaigrissement chez le cheval âgé peut être dû à une maladie (dérèglement hormonal par exemple) ou à un parasitisme intestinal important.
Faites contrôler 1 à 2 fois par an l’état des dents, par un vétérinaire ou un dentiste équin : avec l’usure des dents, le cheval mastique moins bien, produit moins de salive et les aliments sont donc moins bien digérés.
Surveillez le poids de votre cheval. Sans bascule, vous obtenez une bonne idée des variations de poids en mesurant le périmètre thoracique (tour du thorax en centimètres pris au niveau du passage de sangle et en avant du garrot).
Si votre cheval vit avec des congénères, assurez-vous qu’il n’y a pas de problème de domination dans le groupe et qu’il a librement accès à la nourriture. Il est quelquefois nécessaire de séparer les animaux en les isolant dans des box au moment de la distribution des repas, et de multiplier les points de distribution en libre-service du foin. Le cheval âgé doit pouvoir prendre son temps pour manger. Donnez de petites quantités, mais souvent.
En cas de douleurs cervicales ou dorsales (dues à l’arthrose par exemple), installez pour votre cheval une mangeoire en hauteur afin qu’il n’ait pas à baisser la tête. Cette mesure est également valable si le cheval a des problèmes de pieds, pour éviter une surcharge sur les membres antérieurs.
Si le cheval reste trop longtemps immobile (et c’est souvent le cas des chevaux âgés souffrant d’arthrose), cela entraîne un ralentissement du transit intestinal, à l’origine de coliques. Encouragez donc l’activité physique, dans la mesure de ses capacités bien sûr : petite promenade en longe au pas, sortie en paddock ou au pré, etc. Un cheval âgé ne devrait pas vivre au box 24 h/24 !
En hiver, s’il fait très froid, le cheval dépense beaucoup d’énergie pour se réchauffer. Rentrez-le au box ou mettez-lui une couverture.
N’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire au sujet de l’alimentation de votre cheval, et à établir ensemble une ration adaptée à son âge et son état de santé. Profitez de la visite annuelle de santé (à l’occasion de la vaccination par exemple) pour faire le point et ajuster son alimentation à ses besoins. La maigreur n’est pas une fatalité chez le cheval âgé ; il suffit parfois de quelques changements alimentaires (en quantité et en qualité) et de quelques aménagements (repas pris à l’écart, fractionnement de la ration) pour le maintenir dans un état d’embonpoint satisfaisant.