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Les griffades chez le chat

Votre chat a la fâcheuse tendance de faire ses griffes sur le canapé, sur les tentures ou les pieds de table en bois, ce qui est particulièrement agaçant. Le comportement de griffades est pourtant un comportement naturel permettant aux chats de déposer des phéromones* territoriales qui signalent sa présence vis-à-vis des autres chats.

La séquence des griffades

Le chat repère tout d'abord visuellement le support sur lequel il va pratiquer ses griffades. Il effectue généralement un flehmen* avant de se dresser sur ses pattes postérieures en s'étirant au maximum. Il plante ses griffes dans le support qu'il lacère de haut en bas. La position étirée du chat s'appelle également la posture de surlignement : elle accentue le caractère visuel des griffades. Les supports de prédilection sont davantage verticaux ou obliques mais parfois horizontaux.
Par ces griffades, le chat dépose des phéromones sécrétées par les glandes podales situées entre les coussinets des pattes. Il laisse également des marques verticales ostensibles et potentiellement visibles par les autres chats.

Ce comportement de griffades est distinct des griffures qui font partie des comportements d'agression ou des étirements qui améliorent la souplesse du chat et lui permettent de nettoyer ses griffes. Ces étirements s'effectuent sur des supports horizontaux et peuvent également être à l'origine de destructions mobilières importantes.

Chat qui s'étire

Les griffades font donc partie du comportement de marquage territorial du chat qui délimite ainsi une partie de l'espace par une barrière olfactive et visuelle empêchant l'intrusion d'autres chats. Le chat s'apaise dans ce marquage. Il marque ce qui est inconnu (marquage d'adoption) ou ce qui est déjà marqué (marquage d'entretien).
Les griffades sont généralement situées à proximité de ses lieux de repos, d'élimination et de prédation. À la maison, on les retrouvera donc à proximité du lieu de couchage du chat (canapé), à proximité de sa litière et près des issues lorsque le chat ne sort pas.

Le territoire du chat

Le chat est un animal territorial, son espace est divisé en « champs » ou « aires » : un champ d'isolement (repos), un champ d'élimination (litière ou extérieur), un champ alimentaire, plusieurs champs d'exploration (jeux, prédation). Le lieu de repos est classiquement quadrillé par des griffades alors que les lieux de nourriture, de prédation ou d'élimination font plutôt l'objet de marquage urinaire.
Entre chaque aire, le chat utilise des chemins précis qu'il balise de marquages faciaux. Par le marquage facial, le chat dépose des phéromones en se frottant le côté de la figure.

Marquage facial chez un chat

Les modifications de l'environnement imposées par l'homme et en particulier les nettoyages agressifs de la maison, les changements de mobilier, les travaux, anéantissent ces marques olfactives que le chat est contraint de renouveler.

Même en appartement, sans accès à l’extérieur, le chat peut présenter des comportements de griffade : la visibilité de l’extérieur et parfois le passage d’autres chats devant les fenêtres incitent à ce comportement. Les mâles non castrés en période de chaleurs des femelles et les femelles pendant leurs chaleurs ont tendance à exacerber ces griffades. Elles sont cependant exprimées également chez les animaux stérilisés.

Quand considérer que les griffades sont pathologiques ?

Certains troubles du comportement chez le chat se manifestent par une augmentation ou une diminution de son comportement de griffades.

La surpopulation ou l'arrivée d'un nouveau chat sont les premières causes d'augmentation du marquage par griffade et souvent du marquage urinaire également.

Toute modification de l'espace du chat peut être à l'origine d'une augmentation des griffades : modification d'un meuble, déplacement d'un meuble, déménagement, retour d'un séjour en chatterie, travaux, ....

L'anxiété conduit également le chat à majorer ses griffades. Elle survient lorsque le chat ne trouve plus l'apaisement dans son environnement : on parle d'anxiété de déterritorialisation (déstructuration du territoire) ou d'anxiété de cohabitation (lors de surpopulation ou d'arrivée d'un nouveau chat).

À l'inverse, quand le comportement des griffades est diminué voire totalement supprimé, votre chat est peut-être en dépression et il serait conseillé de consulter le vétérinaire.

Pour éviter les griffades : bien organiser son territoire

  • Les griffades sont un comportement normal, situées autour de l'aire de repos : il faut permettre à son chat de réaliser ses griffades sur un support autorisé (lui fournir un griffoir, attrayant et bien visible). Une bûche ou une planche de bois légèrement tamponnée d'huile d'olive ou frottée avec des noyaux d'olive peut amplement faire l'affaire. Pour le chaton, il faut lui apprendre rapidement à utiliser son griffoir.
  • Le bac à litière doit être situé au minimum à 2 m des gamelles, au mieux dans une autre pièce, calme, toujours accessible (éviter la proximité de la machine à laver en essorage).
  • Le chat mange plus d'une dizaine de fois par jour : il est donc conseillé de lui distribuer sa ration quantifiée sur la journée en plusieurs repas.
  • Le chat évolue dans les trois dimensions et il aime se percher, aménagez la pièce pour qu’il puisse accéder au haut des armoires ou des étagères.
  • Votre chat doit jouer plusieurs fois par jour soit par le biais de leurres de prédation (balles de ping-pong, laser sur les murs, jouets, mobiles, bouchon, ficelles...), soit en ayant accès à l'extérieur.

Pour faire disparaître le comprortement de griffade : plutôt récompenser que punir

Les griffades sont des comportements naturels qu'il est difficile de punir sans stresser le chat. La récompense permet en revanche d'apprendre immédiatement au chat le bon comportement : quand il griffe un objet inapproprié, il faut prendre le chat doucement et le mettre devant son griffoir.
Sinon, il est possible de dissuader le chat de griffer un endroit particulier en plaçant un objet ou une plante devant l'emplacement griffé, en le recouvrant de plastique, de papier aluminium, ou d'une couverture de survie ou de fixer sommairement un linge qui peut tomber quand le chat fera ses griffes.

Et si je coupe les griffes ?

Pour éviter le comportement de griffade, on pourrait être tenté de couper les griffes à ras ; ce ne sera jamais assez ras pour éviter les traces ! Le dégriffage est une intervention chirurgicale consistant à enlever la dernière phalange des 10 doigts des pattes avant. Elle est interdite en France depuis 2004 (sauf raisons médicales). Bien que considérée comme barbare et parfois décriée, cette opération dans des situations très graves peut être une alternative à l'euthanasie.
Il existe des dispositifs protège-griffes (petits étuis plastiques qui entourent les griffes): ils peuvent à la longue coûter cher et provoquer des inflammations.
Les griffes s'usent naturellement et si on les coupe, on ne résoudra pas le problème des griffades. Si les griffades sont excessives, il faut aller chercher dans l'environnement du chat un événement stressant et anxiogène qui l'a conduit à exacerber ce comportement naturel.

Le meilleur moyen de dissuader le chat de faire ses griffes est :

  • De bien organiser son territoire.
  • De respecter ses champs territoriaux et d'enrichir son milieu pour stimuler ses comportements de chasse et d'exploration.
  • De favoriser les bonnes relations avec le groupe social humain.
  • De favoriser les relations avec les autres animaux de la maison. Pour ce faire, il existe des phéromones de synthèse qui facilitent les relations sociales entre chats et diminuent les conduites agressives et les marquages excessifs par anxiété.

Lexique

Phéromones : substances chimiques émises par les animaux qui agissent comme des messagers entre les individus de même espèce. Bien qu'elles agissent en quantité infime, elles peuvent être transportées et détectées à plusieurs kilomètres. Elles sont fabriquées par des glandes dont l'orifice est externe ou sécrétées dans les urines. On les rencontre dans le milieu animal mais aussi chez certains végétaux.

Flehmen : attitude caractéristique de certains mammifères, en particulier du chat, permettant de détecter les phéromones en faisant passer l'air dans un petit organe (organe de Jacobson) situé sur le palet, sous la surface intérieure du nez. Le chat relève la lèvre supérieure, ouvre partiellement la gueule et inspire par la bouche ; cette grimace s’accompagne de rapides mouvements de la langue.