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Le picage chez les perroquets

Le picage est un trouble comportemental obsessionnel et destructeur, fréquent chez les oiseaux maintenus en captivité, qui consiste en une mutilation des plumes. On parle d’autopicage lorsque l’oiseau mutile ses propres plumes et d’allopicage lorsqu’il mutile les plumes de ses congénères. Les perroquets y sont particulièrement sujets. Inutile d’espérer une amélioration spontanée : le phénomène a au contraire tendance à s’aggraver si aucune mesure thérapeutique ou comportementale n’est mise en place.

Comment se manifeste le picage ?

Le picage est un comportement excessif de l’entretien normal des plumes (appelé « lissage »). Au lieu de lisser soigneusement leurs plumes, les oiseaux les mâchonnent et tirent dessus jusqu’à les casser, voire les arracher, la peau pouvant ainsi être mise à nu sur une grande partie du corps. Le picage peut être permanent ou épisodique ; certains perroquets laissent patiemment repousser leurs plumes et arrachent tout en quelques heures.

Une fois que cette mauvaise habitude est prise, cela devient une manie et le perroquet peut continuer pendant des années.

Le picage s’accompagne souvent de lésions de la peau, les traumatismes répétés étant à l’origine d’infections qui empêchent la cicatrisation des zones concernées.

Le picage est fréquemment associé à :

  • d’autres troubles du comportement, comme les stéréotypies (mouvements répétitifs répétés inlassablement), les comportements sexuels destinés au propriétaire (parade nuptiale et/ou régurgitation de nourriture par exemple) ou l’agressivité.
  • d’autres lésions d’automutilation : morsures des pattes, cognement de la tête contre les barreaux de la cage.

Le picage apparaît généralement au moment de la puberté (2-3 ans chez les perroquets de taille moyenne, 3-4 ans chez les grands, 5-6 ans chez les très grands).

Si plusieurs perroquets vivent ensemble, il est parfois difficile de différencier les lésions auto-infligées de celles causées par un compagnon de cage. Dans ce dernier cas, la face et la tête sont des lieux « d’attaque » privilégiés et la séparation des belligérants suffit généralement à régler le problème ! S’il s’agit de lésions auto-infligées, logiquement, les plumes ne sont pas arrachées sur la tête, que le perroquet ne peut pas atteindre avec son bec.

Quelle est l’origine de ce trouble ?

Même si une raison médicale ne peut être écartée, le plus souvent, le picage est dû au stress lié au mode de vie en captivité.

Les causes de stress les plus fréquentes sont :

  • La frustration sexuelle. L’absence de partenaire sexuel est particulièrement stressante pour le perroquet. La plupart des cas de picage surviennent d’ailleurs au moment de la maturité sexuelle et, dans 2 cas sur 3, chez les mâles. Le gris du Gabon semble être une exception : le picage ne paraît pas lié au comportement sexuel et se manifeste beaucoup plus tôt que dans les autres espèces de perroquets (avant l’âge d’un an).
  • La frustration sociale. Dans leur milieu naturel, les perroquets vivent en groupe ; un oiseau maintenu isolé peut développer un stress important.
  • Des mauvaises relations avec le propriétaire. Les perroquets sont des oiseaux très sensibles et doivent être éduqués avec fermeté mais douceur. Une éducation trop « musclée » ou des réprimandes sévères au début des manifestations de picage (cris, brutalités sur l’oiseau, coups sur la cage…) ne font que renforcer le stress.
  • Le confinement. Il s’accompagne souvent de bruit, d’agitation, d’odeur… pas toujours appréciés des oiseaux. La présence d’autres animaux domestiques (chiens, chats…), considérés comme des prédateurs par les perroquets, est aussi stressante.
  • Un changement d’habitudes. Un déménagement, un départ en vacances, une modification de l’emplacement de la cage, l’arrivée ou le départ d’un nouvel animal de compagnie ou d’un membre de la famille… est souvent source de stress et de peur pouvant entraîner du picage.

Le picage peut également être dû à l’ennui. À l’état naturel, les perroquets sont occupés toute la journée : ils se déplacent, cherchent leur nourriture, la préparent (décorticage éventuel) et la mangent, ils cherchent de l’eau, et ils interagissent avec les membres de leur groupe (parade, toilettage mutuel…). Les gris du Gabon et les cacatoès sont ainsi prédisposés au picage car ils font partie des perroquets les plus intelligents. Ils s’ennuient s’ils sont placés dans un environnement pauvre en stimulation, sans interaction avec l’homme. Le picage est plus rarement décrit chez les Amazones et les perruches.

Les perroquets ne sont pas les animaux de compagnie idéaux si l’on ne dispose pas du temps et de l’espace nécessaires pour s’en occuper correctement.

Que faire en cas de picage ?

Le perroquet soupçonné de picage doit impérativement être montré à un vétérinaire, car des causes non comportementales peuvent expliquer l’arrachage ou la perte des plumes : démangeaisons dues à la présence de parasites externes (mites, poux…) ou internes (giardia…), allergies (fumée de cigarette), maladies infectieuses (champignons ou bactéries), déséquilibres alimentaires (manque de vitamine A ou de calcium, excès de matière grasse), exposition insuffisante aux rayons du soleil, déséquilibre hormonal, etc. Il ne faut pas confondre non plus le picage avec une mue un peu longue : dans ce cas, les vieilles plumes tombent, sans être abîmées ou arrachées, et sont remplacées par de nouvelles. Si aucune de ces hypothèses médicales ne permet d’expliquer le picage, des modifications de l’environnement du perroquet sont à envisager.

Des mesures simples peuvent être mises en place pour améliorer les conditions de vie :

  • Proposer une cage de dimensions suffisantes : le perroquet doit pouvoir étendre ses ailes et s’y déplacer librement. Placer la cage à l’abri du soleil, des courants d’air, des fumées et du bruit (pas de télévision à proximité). Nettoyer et désinfecter régulièrement.
  • Respecter le caractère des oiseaux : les oiseaux timides sont mieux installés dans un lieu calme et sécurisant, alors que les oiseaux affectueux préfèrent les pièces fréquentées.
  • Placer dans la cage des jouets de petite taille, des écorces ou des branchages à grignoter… Les perroquets sont assez destructeurs ; les jouets doivent être adaptés à la taille de l’oiseau et à ses capacités de destruction. Ne pas oublier un abri ou une cachette où l’oiseau peut se réfugier en cas de peur. S’il vit seul, placer un miroir dans la cage.
  • Sortir le perroquet de sa cage au moins 5 heures par jour et lui proposer des activités variées. La pièce à laquelle le perroquet a alors accès doit être exposée à la lumière naturelle. Elle peut être agrémentée de jouets de taille plus importante, de perchoirs et d’arbres à perroquets.  Idéalement, il devrait pouvoir y voler à sa guise.
  • Augmenter le temps passé avec le perroquet : un temps d’interaction de 4 heures par jour diminue le risque de picage de 90 %.
  • Donner une alimentation équilibrée et de bonne qualité et faire des repas un moment d’échanges et d’activité : distribuer les légumes et les fruits entiers (le perroquet doit alors les décortiquer), varier la couleur, la taille et la texture des aliments, cacher les aliments dans la pièce…
  • Si cela est possible, laisser le perroquet exprimer son comportement sexuel.
  • Brumiser régulièrement les plumes du perroquet ou le doucher (1 à 2 fois par jour si possible) : le plumage mouillé incite à une toilette « normale ».
  • Respecter le rythme jour-nuit : quand la nuit tombe, placer l’oiseau au calme et à l’obscurité, par exemple en recouvrant la cage d’un tissu opaque.
  • Les perroquets aiment vivre en groupe. Toutefois, en cas d’effectif important, mieux vaut pouvoir séparer les oiseaux qui ne s’entendent pas.

En revanche, il est déconseillé d’imposer au perroquet atteint de picage le port d’une collerette pour empêcher l’arrachage des plumes. Cela ne fait qu’augmenter son stress et ne lui permet pas d’exprimer un comportement de lissage normal.

Dans les cas de picage les plus sévères, les aménagements environnementaux proposés ne sont pas suffisants : les dommages et la destruction des plumes, ainsi que des follicules (lieux de formation de la plume dans la peau), suite aux traumatismes répétés, sont trop importants : la perte des plumes est permanente et/ou la repousse des plumes anormale. Les oiseaux deviennent difficiles à détenir comme animaux « de compagnie ».

On estime que 15 % des perroquets en captivité sont atteints de picage. S’ils sont élevés dans de bonnes conditions, s’ils ont de longues périodes d’interaction avec leur propriétaire et s’ils peuvent se reproduire, le chiffre diminue à moins de 1,5 %. Le choix d’un perroquet nécessite donc une grande implication et de bonnes connaissances éthologiques de la part du futur propriétaire, d’autant plus que sa durée de vie peut être très longue.