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Le pâturage tournant

Le pâturage tournant est une pratique de gestion des prairies qui consiste à faire circuler assez rapidement les animaux dans des parcs de dimensions restreintes. C’est un bon compromis entre le pâturage au fil (assez contraignant) et le pâturage libre (qui sous-utilise les pâtures). Il  nécessite au départ un peu de temps pour réorganiser les prairies en parcs, mais il permet ensuite une exploitation optimale des surfaces : peu de gaspillage, bonnes repousses et valeur nutritive.  

Quel est le principe du pâturage tournant ?

Le pâturage tournant consiste à subdiviser la surface à pâturer en parcelles de petite taille, de manière à respecter un temps de présence de 2 à 5 jours par passage et un temps de repos de 20 à 25 jours au printemps ou 30 à 40 jours en été. Toute la surface du parc est ainsi valorisée, la hauteur de l’herbe est maîtrisée et les risques d’infestation parasitaire sont limités.

Quels sont les avantages et les inconvénients du pâturage tournant ?

Le pâturage tournant présente de nombreux avantages :

  • Il nécessite peu de main-d’œuvre (uniquement lors du déplacement des animaux, une fois que les parcelles sont clôturées).
  • Les animaux étant placés sur une petite surface, ils pâturent toute la surface disponible (pas de sur- ou de sous-pâturage).
  • Le pâturage tournant permet de maîtriser l’épiaison (les vaches consomment l’épi dans la gaine) et d’assurer tout au long de la saison une herbe feuillue de bonne qualité.
  • L’herbe est proposée au pâturage lorsqu’elle atteint une hauteur idéale (12 à 15 cm soit la hauteur du mollet).
  • Les végétaux ont le temps de reconstituer leurs réserves (pas d’épuisement de la pâture).
  • Les risques d’infestation parasitaire sont limités (le pâturage tournant permet aux animaux d’ingérer une herbe haute, or les larves de parasites se concentrent à la base).

Mais :

  • Il faut surveiller la pâture de près pour repérer le moment idéal pour le changement de parcelle (lorsqu’il ne reste que 5 cm de végétation).
  • L’investissement en matériel est assez lourd (installation puis entretien, réparation et renouvellement  des clôtures, multiplication des points d’eau, délimitation des chemins d’accès…).
  • Pour les vaches laitières, la production de lait peut être légèrement « en dents de scie » : la moindre disponibilité en herbe à la fin d’un passage entraîne une chute de production (qui est cependant compensée dès que les vaches entrent dans une nouvelle parcelle).
  • Les nombreux déplacements peuvent stresser les animaux.

Comment organiser un pâturage tournant en pratique ?

Le pâturage tournant doit respecter deux grands principes :

  • Les animaux ne doivent pas revenir sur une même parcelle avant 20 jours (pour les prairies précoces) ou 25 jours (pour les prairies tardives). C’est le temps minimal au printemps pour que les plantes reconstituent leurs réserves racinaires et repoussent dans de bonnes conditions.
  • Selon leur nombre, les animaux peuvent passer 2 à 5 jours (généralement 3 ou 4) sur une parcelle, mais pas plus de 6 jours. En effet, à partir du 6ème jour, l’herbe consommée le 1er jour peut être à nouveau pâturée, sans avoir eu le temps de reconstituer ses réserves.

Le calcul de la taille idéale des parcs se fait de la façon suivante : si S est la surface totale donc l’éleveur dispose, N le temps de retour sur les parcelles (entre 21 et 25 jours au printemps) et n le temps passé sur les pâtures (3 ou 4 jours), la surface de chaque parc sera de : (S x n)/ N

Exemple 1 : un éleveur souhaite faire pâturer 20 vaches allaitantes sur 11 ha de prairies plutôt tardives (temps de retour sur les parcelles de 25 jours) en ne laissant les animaux que 4 jours sur chaque parc. Chaque parc fera soit 1,76 ha. Sur une surface de 11 ha, si les parcs font 1,76 ha, cela fait entre 6 et 7 parcs à constituer (11/1,76 = 6,25).

Exemple 2 : pour faire pâturer 30 vaches laitières sur 8 ha de prairies précoces (temps de retour de 21 jours), en laissant les animaux 3 jours dans chaque parc, il faut prévoir  soit 1,14 ha par parc soit 7 parcs (8/1,14 = 7,01).

> Dans la pratique, il faut évidemment tenir compte des contraintes du relief, du type de prairie (portance…), de la disponibilité en eau et du climat. En été, l’herbe pousse moins vite, les temps de retour sur les parcelles doivent être allongés, parfois jusqu’à 30 ou 40 jour ; il peut être nécessaire d’ouvrir des parcelles supplémentaires préalablement récoltées ou de complémenter en fourrages conservés. Inversement, au printemps, il est possible de fermer des parcelles (elles seront alors récoltées).

Faut-il adapter la fertilisation ?

Oui, bien sûr, la fertilisation doit être adaptée au chargement. Le nombre d’ares disponibles par UGB (Unités Gros Bovin) donne des indications sur la fertilisation azotée :

  • A moins de 25 ares/UGB, la conduite doit être intensive, avec une bonne fertilisation azotée (40 unités au démarrage de la végétation en sortie d’hiver et 40 unités après chaque passage).
  • Entre 25 à 40 ares/UGB, la fertilisation peut être plus faible (40 unités en sortie d’hiver).
  • A plus de 40 ares/UGB, la conduite peut être extensive, sans fertilisation azotée.

Exemple 1 : les 20 vaches allaitantes sur 11 ha représentent 20 UGB sur 11 ha (1100 ares) soit 55 (1100/20) ares/UGB. La conduite peut être extensive, sans apport d’azote.

Exemple 2 : les 30 vaches laitières sur 8 ha représentent 30 UGB sur 8 ha (800 ares) soit 26,6 (800/30) ares/UGB. Il est nécessaire de fertiliser en sortie d’hiver.

> Dans le cas de prairies où les légumineuses représentent, au printemps, autour de 30% de la végétation, la fertilisation azotée est inutile, sauf éventuellement, 30 unités maximum en sortie d’hiver.

Pour la fertilisation phospho-potassique, le dosage, en avril, de ces éléments dans la végétation permettra d’ajuster, si nécessaire, les niveaux de fertilisation.

Les autres types de pâturage :

Le pâturage rationné au fil consiste à conduire le pâturage par bandes en déplaçant un fil électrique en avant une à deux fois par jour (un fil arrière est déplacé tous les jours ou tous les trois à quatre jours). Il permet une bonne gestion de l’herbe, fournit une herbe de bonne qualité (si elle est pâturée à la bonne hauteur) et nécessite peu d’investissement. La production laitière est régulière. Mais ce type de pâturage est coûteux en main-d’œuvre.

Le pâturage libre est le plus facile à gérer : les animaux sont lâchés sur de grandes surfaces. Il permet d’économiser du temps du travail et l’investissement en clôtures est faible. Les animaux ne sont pas stressés. Mais ce type de pâturage est moins performant : sur des parcs de grandes dimensions, la répartition de la flore est forcément hétérogène et les animaux pâturent dans les zones les plus appétissantes (surpâturage ou surpacage) délaissant les autres (sous-exploitation), qu’il faudra alors faucher. L’apport d’engrais est rendu difficile par la présence continue des animaux. De plus, la production laitière aura tendance à diminuer pendant la saison estivale (repousse lente de l’herbe). Le pâturage libre n’est pas bon pour la prairie, ni pour les stocks et encore moins pour la gestion des parasites.