AVRIL 2015
La chenille processionnaire du pin : elle revient !
La chenille processionnaire du pin est la larve d'un papillon de nuit, le Thaumetopoea pityocampa., gris avec des motifs noirs et des taches blanchâtres. Cet insecte est connu pour le mode de déplacement de ses chenilles en file indienne. Les processionnaires du pin sont brunes avec des taches orangées et recouvertes de poils Elles se nourrissent des aiguilles de diverses espèces de pins, provoquant un affaiblissement important des arbres.
La reprodution a lieu entre Juin et septembre, en fonction des conditions climatiques
La femelle papillon recherche alors un pin pour y pondre ses oeufs. Ils sont alors déposés en rangées parallèles par paquets de 150 à 320 formant un manchon gris argenté recouvert d'écailles, long de 2 à 5 centimètres sur les rameaux ou les aiguilles de pin.
L'éclosion a lieu cinq à six semaines après la ponte et donne naissance à des chenilles qui muent trois fois avant l'hiver. Elles vivent en colonies de plusieurs centaines de chenilles
Les jeunes tissent des pré-nids où elles passent la journée. Les larves commencent à manger le limbe des aiguilles de pin. A ce stade, elles ne sont pas encore urticantes.
Au quatrième stade larvaire, elles forment un nid d'hiver définitif, situé le plus souvent au sud pour profiter des rayons du soleil. Elle en sortent la nuit pour s'alimenter, se déplaçant en « procession » .
Quand les conditions climatiques sont favorables, les chenilles quittent l'arbre en procession pour aller s'enfouir dans le sol à quelques centimètres sous terre (5 à 20 cm) dans un endroit bien ensoleillé. Les processions peuvent se déplacer jusqu'à 40 m
Le développement s'interrompt alors pour une durée variable, lors d'une diapause, qui durera jusqu'à un mois avant la date localement favorable pour la sortie des adultes.
Les chrysalides transformées en papillon sortent de terre. Le cycle peut alors reprendre par accouplement de la femelle et du mâle qui meurt un ou deux jours après, alors que la femelle s'envole vers une branche pour pondre ses 70 à 300 oeufs avant de mourir aussi. Les petites chenilles éclosent 30 à 45 jours après la ponte
Cycle Biologique
Le cycle biologique de cet insecte est annuel. On peut le présenter schématiquement en 8 étapes :
Techniques de lutte
Elles découlent du cycle biologique du papillon La lutte mécanique se fera plutôt en hiver (chenilles non urticantes) plutôt qu’au début du printemps où elles présentent un risque réel.
Les luttes biologique (larves de Bacillus thuringiensis) et chimique restent réservées à des professionnels.
Malheureusement quelque soit le moyen mis en place, aucun n’est jamais complètement définitif : il convient de surveiller et de traiter chaque année les arbres atteints.
Lutte biologique
Il y a peu de prédateurs. Les oiseaux en général ne les mangent pas à cause de leurs poils urticants et de leur mauvais goût. Seul le coucou s'attaque aux chenilles, parfois même dans leur nid. La mésange chasse la première forme larvaire (non urticante). La huppe est capable de déterrer les formes sous terraines pour les ingérer.
Favoriser l’implantation de ces prédateurs (nichoirs pour les mésanges et huppes), si cela ne résout pas complètement le problème, permettra tout de même de limiter l’envahissement de vos arbres
Risques pour l'homme et les animaux
Les chenilles processionnaires sont recouvertes de poils qui, dispersés par le vent ou par nous même (tonte de la pelouse, en essayant de détruire une procession...) peuvent provoquer une irritation chez les personnes et les animaux. La survenue d'effets sanitaires n'implique donc pas nécessairement un contact direct avec les insectes.
Ces poils, très légers et fragiles, se détachent très facilement dès que la chenille est inquiétée ou excitée et peuvent être emportés par le vent. Lorsque le poil se brise, dès le premier contact, la substance urticante et allergisante qu'il contient, se libère provoquant des démangeaisons très vives.
Dans le cas des animaux, les chiens sont bien plus fréquemment touchés que les chats. Après contact avec les poils urticants (en touchant directement une chenille ou un cocon) ou si ces derniers sont véhiculés par le vent, nos compagnons peuvent souffrir de divers symptômes oculaires, respiratoires et ou buccaux. Dans les cas les plus graves un oedeme de Quinck ou un choc allergique est possible.
Le plus souvent, c’est la bouche qui est touchée. La langue se met alors à enfler (cela peut prendre plusieurs heures). Le chien ou le chat se met à baver. Lorsque l’on ouvre la gueule de l’animal, on peut apercevoir que sa langue (ou une partie) est comme grise et/ou ulcérée. Sans soins, la langue peut virer au sombre voire violet, et une nécrose peut se produire suite à des troubles vasculaires. Une partie de la langue peut tomber.
Une action rapide du vétérinaire est primordiale
Les premiers soins consistent en anti-inflammatoires et histaminiques puissants, de l'héparine, perfusions, etc… Quand des troubles vasculaires sont constatés, des infiltrations directement dans la langue peuvent être proposées pour essayer de « relancer » la vascularisation des zones touchées (sous anesthésie générale). Des antibiotiques sont nécessaires dans certains cas.
Au stade de nécrose l'amputation de ce bout de lange doit parfois être envisagée.
Alors si ces chenilles représentent bien un danger sérieux pour les enfants, les personnes allergiques, les chiens, leschats et les chevaux, il faut quand même relativiser et ne pas aller jusqu'a l'abattage de son arbre.
Une surveillance régulière du site, la lutte régulière et le contrôle de ses animaux de compagnie (sans oublier les enfants, bien sur) en saison suffisent normalement à limiter les risques.
Et en cas de doute, une consultation précoce évite souvent de gros ennuis à vos compagnons.
Un chien a déjà du être traité cette année ...
Restez vigilants!