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Les pigeons voyageurs

Les pigeons voyageurs sont des animaux fascinants : lâchés loin de chez eux, comment font-ils pour retrouver leur chemin et parcourir plus de 1000 km dans la journée (en volant parfois à plus de 120 km/h) ?

Si les pigeons n’ont plus réellement aujourd’hui de rôle utilitaire, la colombophilie (art d’élever et de faire concourir les pigeons voyageurs) reste un sport très pratiqué en Europe, et particulièrement dans le nord de la France. Des concours sont régulièrement organisés et les meilleurs pigeons valent très chers : Bolt, un pigeon voyageur champion de vitesse âgé d’un an a été vendu 310 000 euros lors d'une vente aux enchères en Belgique en 2013 !

Le pigeon voyageur est utilisé depuis plus de 5000 ans 

Les formidables capacités du pigeon sont exploitées par l’Homme depuis très longtemps. Dans l’Antiquité, les Égyptiens, les Perses, les Chinois et les Grecs utilisaient les pigeons comme messagers lors de leurs campagnes de guerre, pour la politique et le commerce. Au Moyen-Âge, pratiquement tous les châteaux, fermes seigneuriales et abbayes possédaient une tour à pigeons, qui pouvait contenir plusieurs milliers d’oiseaux et témoignait de la richesse et de la puissance de la noblesse et du clergé. Les seigneurs les employaient comme messagers commerciaux, politiques et porteurs de renseignements en temps de guerre. Après la révolution française, ce privilège fut aboli. Les pigeonniers se multiplient, mais les pigeons sont surtout élevés pour leur viande. Le jeu étant très développé à cette époque, des concours sont organisés à partir de 1800 dans le nord de la France et en Belgique. C’est de cette époque que datent les premières sélections (sur la rapidité et la faculté à revenir à son point de départ) qui aboutiront au « vrai » pigeon voyageur tel qu’on le connaît aujourd’hui.

> On raconte que Rothschild doit sa fortune à un pigeon voyageur : apprenant la défaite de Napoléon à Waterloo par pigeon messager, il disposa ainsi avant tout le monde d'une information qui lui permit une excellente spéculation boursière !

Pendant la première guerre mondiale, les armées utilisaient des pigeons pour communiquer entre alliés : les pigeons étaient discrets, légers, faciles à nourrir et difficiles à intercepter. Ils étaient logés dans des roulottes mobiles (qui servaient de pigeonniers) afin de suivre au plus près les troupes militaires. Ils pouvaient porter des petits messages ou des microfilms. Certains, équipés d’appareil photo, faisaient même de l’espionnage. Les armées belge et anglaise utilisaient encore des pigeons voyageurs militaires pendant la seconde guerre mondiale. Et il existe toujours une unité colombophile dans l’armée française. Elle est composée de 150 pigeons, essentiellement pour les commémorations et pour entretenir la tradition, mais ils pourraient servir en cas de catastrophe majeure (panne d’Internet ou des satellites de communication).

Les caractéristiques du pigeon biset

Les pigeons voyageurs sont généralement des pigeons biset (Columba livia), comme 90% des pigeons que l’on trouve dans les villes. Ils ont un corps trapu, des ailes assez longues, une queue courte. La coloration du plumage est très variable (souvent gris, avec des taches blanches plus ou moins étendues et des reflets verts ou pourpres). Le bec est foncé, court et mince, les pattes sont rougeâtres et courtes et l’œil est orange. Ils mesurent environ 30 cm du bec à la queue, ont une envergure de 60-70 cm et pèsent 250-400 g.

Un champion de l’orientation

Pour se diriger quelles que soient les conditions météorologiques, le pigeon dispose de trois « systèmes de navigation » très développés :

  • La vue : le pigeon utilise la position de la Lune, du Soleil et des étoiles dans le ciel (ceci est prouvé grâce à des expériences menées en planétarium). S’il s’agit d’un parcours que le pigeon connaît bien, il utilise aussi des repères au sol : collines, rivières, route, etc. (de jour et quand le temps est dégagé…).

> Certains pigeons suivent les routes tracées par l’Homme, même si ce n’est pas le chemin le plus direct ! Il semblerait qu’en fait, ils profitent simplement des courants ascendants produits par le réchauffement de la chaussée, en été.

  • La perception du champ magnétique terrestre : le pigeon possède à la base de la boîte crânienne et dans les muscles du cou des particules d’oxyde de fer (grains de magnétite) qui forment l’équivalent d’une boussole : elles se déplacent en fonction du champ magnétique terrestre et stimulent certains nerfs du cerveau. D’ailleurs, si on fixe un aimant qui brouille les données magnétiques sur le pigeon, il a du mal à retrouver son chemin.

> Les oiseaux migrateurs, les abeilles, les dauphins, les tortues de mer… utilisent également le champ magnétique terrestre pour s’orienter.

  • L’olfaction : les pigeons se servent des odeurs portées par le vent comme repères. Le rôle de l’odorat n’est pas facile à mettre en évidence, mais des pigeons à qui on bouche les narines ou dont le nerf olfactif n’est pas fonctionnel ont des difficultés d’orientation. Il arrive également que les pigeons voyageurs fassent des petits détours sur la route, attirés par l’odeur de pigeons sauvages.

En fait, une fois lâché, le pigeon voyageur n’a qu’une idée en tête : rejoindre son pigeonnier d’origine. Il commence par effectuer un cercle de plusieurs centaines de mètres de diamètre, pendant quelques minutes, comme pour se repérer, puis il se dirige vers son nid. Selon les conditions de vol, il privilégie l’un de ses sens pour s’orienter.

Les « limites » du pigeon voyageur

Les pigeons voyageurs ne peuvent regagner leur base que s’ils se trouvent à moins de 1000-1200 km.

> La plus grande distance parcourue par un pigeon serait de 8700 km (entre l’Afrique occidentale et l’Angleterre).

Les pigeons ne sont pas très « flexibles » : ils ne savent que retourner à leur pigeonnier. Au temps où ils étaient un moyen de communication courant, il fallait donc garder dans chaque pigeonnier des pigeons appartenant à un autre pigeonnier, pour envoyer des messages, des réponses éventuelles ou des accusés de réception. Mais s’ils étaient gardés trop longtemps, les pigeons « étrangers » finissaient par considérer le nouveau pigeonnier comme le leur et ne plus vouloir en partir !

Les performances varient selon les individus : un pigeon jeune est moins expérimenté qu’un pigeon plus âgé (un pigeon vit environ 20 ans). La sélection génétique des oiseaux les plus performants et l’état de santé jouent également un rôle important.

Le « taux de retour » dépend aussi beaucoup des conditions météorologiques. L’orientation est plus facile par temps clair que dans des conditions  nuageuses. Sans oublier que les pigeons sont la proie de nombreux prédateurs, dont les rapaces.

Que faire si je trouve un pigeon voyageur ?

En général, les pigeons voyageurs ne se perdent pas. Mais vous pouvez trouver un pigeon fatigué ou déshydraté (il a juste besoin de reprendre des forces), assommé par un choc avec une vitre (il faut qu’il retrouve ses esprits) ou dont quelques plumes ont été arrachées par un chat.

Donnez-lui à boire (de l’eau, surtout pas de lait) et à manger (blé, maïs, petites graines... éventuellement petits pois ou riz, surtout pas de pain qui gonfle dans l’estomac) et mettez-le au calme. Une fois bien reposé, nourri et abreuvé, il devrait pouvoir repartir le lendemain de bonne heure si le temps est dégagé, ou quelques jours plus tard.

Si vous trouvez un pigeon voyageur mort ou s’il nécessite des soins plus importants, le mieux est de contacter son propriétaire. Les pigeons voyageurs français sont obligatoirement porteurs de deux bagues :

  • Une bague matricule qui porte un numéro matricule, l’année de naissance du pigeon et une lettre indiquant le pays. Par exemple : 176598-99 F, où la lettre F indique que le pigeon est français.
  • Une bague adresse sur laquelle on trouve soit l’adresse de la société à laquelle appartient le colombophile (par exemple : Société col. "xxxxx" code postal + ville), soit l’adresse et/ou le numéro de téléphone du colombophile.

> Vous pouvez trouver les coordonnées exactes de la société dans la Liste des Sociétés Colombophiles Françaises (http://www.colombophiliefr.com/pages/societes/societout.htm) ou téléphoner à la mairie de la ville qui vous indiquera un contact

Si le pigeon ne porte pas de bague, il se peut que ce soit un pigeon de ville, ou qu’il appartienne à un colombophile qui élève des pigeons non bagués...

Pour les pigeons étrangers, seule la bague matricule est obligatoire et comporte les mêmes renseignements que la bague française (par exemple : 1685725 NL 98 pour un pigeon hollandais né en 1998). Certains colombophiles rajoutent une bague adresse ou impriment leur adresse et/ou leur numéro de téléphone sur une des grandes plumes de l’aile, mais c’est plutôt rare. Une fois que vous avez identifié le pays d’origine du pigeon, vous pouvez trouver les coordonnées de la fédération concernée sur le site :
http://www.colombophiliefr.com/pages/pigeons_egares.htm#adresses_federations

Plus de renseignement sur le site de la fédération colombophile française : http://www.colombophiliefr.com/