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L’octodon

L’octodon, aussi appelé dègue du Chili, degù ou dégus, est un petit mammifère rongeur originaire d’Amérique du Sud : on le trouve à l’état sauvage du centre du Chili au sud du Pérou. Dans son pays d’origine, il est considéré comme un animal nuisible créant des dommages importants aux champs cultivés. Dans certains pays, il est utilisé comme animal de laboratoire.

Morphologie et comportement

Les octodons présentent la même silhouette que le rat, avec un corps rond, une grosse tête, des oreilles de taille moyenne et de grandes vibrisses (moustaches). Les yeux sont grands et sombres.
Les pattes avant se terminent par des « mains » munies de 5 doigts dont les 4 premiers sont bien développés tandis que le 5ème, opposé aux autres, est beaucoup plus petit : elles permettent de creuser des terriers, de grimper et de courir.
Les pattes arrière se terminent par des « pieds » munis de 4 doigts. Fortement musclées, elles permettent des déplacements rapides. De longs poils rigides (ou soies) sont disposés aux doigts des membres postérieurs.
La queue, portée incurvée sur le dos, présente une touffe de poils à son extrémité.

La fourrure est douce et épaisse. A l'état sauvage les octodons sont de couleur agouti (brun chiné) avec des zones plus claires (couleur crème) sur le ventre, les pattes, le cou et autour des yeux. En élevage, des mutations génétiques ou des croisements intentionnels ont permis la création de robes de couleur blanche, noire, gris-ardoise, fauve ou bicolore.

Un octodon adulte pèse de 170 à 300 g. Le corps mesure 15 cm en moyenne (de 13 à 20 cm) et la queue 12 cm en moyenne (de 11 à 17 cm), soit une trentaine de centimètres au total.

Ses dents, de couleur jaune orangé, sont à croissance continue.

> L’octodon doit justement son nom à ses dents : la surface masticatrice de ses molaires et de ses prémolaires présente des reliefs qui forment  un 8 (« octo » en latin).

A l’état sauvage, les octodons vivent en communauté : un clan est constitué de 1 mâle et 3 femelles. Ces clans sont regroupés en colonies d’une centaine d’individus, vivant dans des terriers.

L'octodon s’adapte facilement à la vie en captivité : il stresse peu, se reproduit facilement et est manipulable même par des enfants. Il s’apprivoise rapidement s’il est traité avec patience et douceur. Il communique beaucoup avec son maître ou ses congénères : cris (plus ou moins stridents !), gazouillis, grondement…

L’octodon est naturellement diurne (il vit le jour). Mais en captivité, son cycle peut s'inverser et il devient alors crépusculaire, voire nocturne.

L’espérance de vie d’un octodon est de 6 à 8 ans en captivité, de 2 à 4 ans seulement dans la nature.

Alimentation

L’octodon est strictement herbivore. L'alimentation en captivité doit être composée de foin (à volonté) et de graines (blé, avoine, etc.). L’octodon étant un animal naturellement diabétique, le gras et le sucré sont à éviter absolument !
Il existe dans le commerce une alimentation « spéciale octodon », que vous pouvez compléter par quelques aliments frais lavés, séchés, coupés en petits morceaux et distribués en quantité très limitée : verdure (ortie, pissenlit, persil…), légumes (courgette, céleri, brocolis, petits pois avec la cosse…) et fruits (pomme, poire, prune…). Evitez absolument les produits laitiers, la viande et les biscuits.

> Comme le lapin, l'octodon est cæcotrophe : il mange certains de ses excréments riches en  nutriments (crottes vertes entourées de mucus) dès leur sortie de l'anus.

Reproduction

Les octodons peuvent se reproduire dès l’âge de 2 mois ½ - 3 mois. La gestation dure environ 90 jours et les femelles mettent au monde entre 1 et 10 petits (6 en moyenne), 2 à 3 fois par an : le cycle reproducteur comporte normalement une période de repos sexuel entre les mois de janvier et de juin.
Les petits naissent avec une épaisse fourrure. Ils sont capables de se tenir debout et de se diriger dès leur naissance. Ils sont sevrés vers 4 à 6 semaines.
Les mâles ne montrent aucune agressivité envers leurs petits et participent même à leur éducation.

Logement

Les octodons aiment grimper. Ils ont donc besoin d'une grande cage en hauteur avec plusieurs étages ou étagères. Pour un seul animal, la cage doit mesurer au moins 100 cm de long, 50 cm de large et 80 cm de haut. Pour plusieurs octodons, une cage plus haute (110 cm) est conseillée avec une superficie supplémentaire de 800 cm2 (40 x 20 cm au sol) par individu. Préférez un grillage métallique plutôt que des parois en verre qui ne permettent pas une bonne ventilation. Déposez au fond de la cage 2 à 3 cm de litière : copeaux de pin, foin, paille, sciure de bois, papier absorbant ou litière pour rongeurs. Evitez le papier journal dont l’encre pourrait être toxique.
Placez la cage dans une pièce lumineuse, à l’abri des courants d’air. La pièce n’a pas besoin d’être chauffée de façon excessive : 20°C suffisent.

Choisissez des mangeoires lourdes et stables. Fixez un biberon pour l’eau aux parois, mais surveillez bien que votre octodon sache l’utiliser (certains n’y arrivent jamais !).

Les octodons adorent se cacher, explorer, et ont besoin de se dépenser. Aussi proposez-leur des cachettes, des abris (tunnels en PVC, petites maisons…) et une roue pleine. Donnez-leur des matériaux pour se confectionner un nid : brindilles, tissus…

Placez dans la cage des branches de bois non toxique et du foin dans un petit râtelier pour qu’ils mâchouillent et usent leurs dents.

Ne lâchez votre octodon dans une pièce que sous étroite surveillance : il peut causer des dégâts aux fils électriques, aux boiseries, aux plantes…

Santé

Les octodons sont particulièrement sensibles :

  • A l’obésité : attention à ne pas sur-nourrir votre animal et à lui proposer suffisamment d’exercice.
  • Aux malocclusions dentaires : il s’agit d’une pousse excessive des dents qui empêche progressivement toute alimentation.
  • Aux pneumonies en cas de changement brusque de température : le nez et les yeux coulent, la respiration est difficile.
  • Aux diarrhées d'origine nutritionnelle (changement de régime alimentaire trop brutal, alimentation inadaptée, absorption de nourriture avariée ou d'eau croupie, intoxication par les plantes) ou bactérienne (salmonellose).

> Le diabète sucré fréquent chez les octodons est incurable. Il se traduit par une augmentation de la quantité d’eau bue et une cataracte (tache blanche sur le cristallin de l’œil).

Soins particuliers

  • Les octodons sont des animaux sociaux. Si vous le pouvez, adoptez deux ou trois animaux. Mais attention, les bagarres entre adultes de même sexe sont fréquentes, pour des raisons de dominance. Elles sont toutefois moins marquées chez les femelles. Evitez de faire cohabiter des mâles, sauf s’il s’agit d’un groupe de frères ou de jeunes issus de portées différentes mais élevés ensemble depuis qu’ils sont tout petits.
  • Comme leurs cousins les chinchillas, la peau des octodons produit une quantité de sébum excessive, et ils ont besoin d'un bain de sable pour rester propres. Placez dans leur cage pendant une à deux heures chaque jour, avant le repas, un bac rempli d’un mélange de sable fin et de talc en partie égale ou de « terre à bain » (prête à l’emploi, vendue dans le commerce).
  • Les octodons muent deux fois par an (printemps et automne). Vous pouvez diminuer la durée de la mue en brossant l’animal. Une chute de poils prolongée (plus de 15 jours) ou en-dehors de ces périodes est anormale. Il peut arriver que les octodons perdent leurs poils à la base du museau s’ils se frottent trop souvent contre les barreaux de leur cage ; il s’agit alors d’un trouble du comportement.
  • Les octodons ne sont pas très exigeants, mais la cage doit être nettoyée régulièrement, la litière changée une à deux fois par semaine. Tous les jours, il faut renouveler l’eau et enlever les aliments non consommés.
  • Vous pouvez éventuellement épointer légèrement les griffes si l’octodon ne les use pas suffisamment, mais ne les coupez surtout pas sous peine de provoquer un saignement.
  • Les octodons peuvent cohabiter avec d’autres rongeurs (cochon d’Inde, chinchilla…) ou avec des lapins mais pas vivre dans la même cage car leurs régimes alimentaires diffèrent. Méfiez-vous des chiens et des chats et surtout des oiseaux qui sont des prédateurs dans le milieu naturel : la proximité d’une volière peut affoler un octodon.

Pour différencier les mâles et les femelles…

Le dimorphisme sexuel est peu apparent chez les octodons : les femelles sont un peu plus grosses que les mâles, mais il n’existe aucune différence dans le pelage entre les 2 sexes.
Les testicules du mâle restant en position intra-abdominale même pendant la période de reproduction, le sexage est établi par la distance entre l'anus et la papille génitale : elle est plus petite chez la femelle que chez le mâle.

Pour manipuler un octodon…

Les octodons possèdent un mécanisme de défense contre les prédateurs connu sous le nom de « tail slip ». Lorsque l’animal est tenu trop fermement au niveau de la queue, la peau se déchire et le bout de la queue part, laissant les vertèbres à nu. La peau ne repousse pas, et le bout de la queue se dessèche. Généralement, l’octodon finit par ronger lui-même la partie caudale morte. Si cela se produit, vous pouvez éventuellement désinfecter le moignon avec un désinfectant type Bétadine.

> La perte de la queue entraîne un léger déséquilibre, et l'octodon perd en agilité quand il grimpe en hauteur.

L’octodon mord rarement, mais peut blesser involontairement avec ses grandes griffes. Evitez de le capturer par le dessus, cela lui rappelle un oiseau de proie qui fond sur lui. S’il a confiance, l’octodon grimpe spontanément dans la main de l’homme. Sinon, essayez de le bloquer dans un coin, puis mettez vos mains en coupe, sous ses pattes et maintenez-le comme cela sans trop serrer.

Pour acheter un octodon…

Vous pouvez acheter un octodon dans une animalerie. Le prix constaté est de 25 € environ (entre 10 et 60 €, les adultes sont moins chers que les jeunes, mais les sujets de couleur rare, type albinos ou bicolore, sont plus onéreux). Si vous le pouvez, préférez un octodon élevé chez un particulier : plus sociable et maniable, il sera aussi moins cher (voire gratuit !).

La cage et les accessoires vous reviendront à 100-150 €.

Comptez ensuite une quinzaine d’euros par mois pour l’alimentation industrielle, les aliments frais et la litière.

En France, l’octodon n'est pas mentionné dans la Liste des animaux domestiques selon la législation française. Il est donc juridiquement considéré par défaut comme un animal sauvage. Un certificat de capacité est donc requis pour l'élevage et la vente, délivré sans consultation de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites (CDNPS) sur présentation des diplômes requis depuis l'arrêté du 2 juillet 2009. En revanche, la simple détention n'est pas soumise à capacité.