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Que peut-on voir/ne peut-on pas voir à l'examen radiographique ?

Une série de fiche vous est proposée afin de comprendre les examens complémentaires que votre vétérinaire vous propose, comment ils sont réalisés et quels enseignements ils peuvent apporter.

La radiographie est une technique d'imagerie médicale qui utilise les rayons X pour explorer certaines parties du corps. Les rayons X appartiennent à la famille des rayonnements électromagnétiques comme les ondes radios, les rayons gamma ou la lumière.

Comment réaliser une radiographie ?

Le cliché radiographique

L'examen radiographique consiste à envoyer des rayons X sur une partie du corps par l'intermédiaire d'un générateur haute tension qui transforme l'énergie électrique en rayons X ; ceux-ci vont plus ou moins noircir un support radiographique qui sera révélé sur un film ou sur un écran.

Les rayons X sont une sorte d'onde invisible ;  ils sont très puissants puisqu'ils sont capables de traverser la matière. En traversant les parties du corps, ces rayons X sont plus ou moins atténués en fonction des éléments : ils ne sont pas atténués par l’air et l'image sera noire, ils sont très fortement atténués par les os et l'image sera gris très clair, et ils sont totalement arrêtés par le métal et l'image sera blanche.

Ainsi en radiographie conventionnelle, nous distinguons 5 types de densités radiographiques, qui sont par ordre croissant :

  • Gazeuse (air) : les poumons, l’air contenu dans le tube digestif.
  • Graisseuse.
  • Liquidienne (tissulaire) : les organes.
  • Osseuse (calcique).
  • Métallique (ou produits de contraste).

L'image obtenue est une image en un plan, ce qui impose fréquemment de réaliser deux radiographies d'une même zone, une de face et une de profil, pour imaginer en 3 dimensions cette partie.

Le développement radiographique

Les rayons X, partis du générateur, et ayant traversé les différentes parties du corps, sont fixés sur un film radiographique ou sur un écran numérique afin d'être visualisés.

Le temps de réalisation d'un cliché radiographique c'est-à-dire le temps pour activer et déclencher le générateur de rayons X est de l'ordre du temps nécessaire à réaliser une photographie (quelques millisecondes).

Le développement de cette image, à l'identique de ce qui se pratique en photographie, peut se réaliser de deux façons différentes :

  • Un développement de l'image sur un film radiographique (photographie papier). Le temps de développement est de l'ordre de 5 à 10 minutes.
  • Un développement de l'image de façon numérique, sur un écran informatique (photographie numérique). Le temps de développement ou « d'acquisition » de l'image est de 1 à 2 minutes. Ces images numériques peuvent ensuite être imprimées sur du film radiographique classique. Ces radios peuvent être transmises informatiquement (par mail ou plateformes dédiées) à des confrères.

Réalisation pratique

Pour l'animal, il s'agit d'un examen indolore qui peut être pratiqué vigile. Une sédation est nécessaire pour les animaux qui ne sont pas très coopératifs, ou pour certains examens qui nécessitent une relaxation parfaite (exemple : radiographie de dépistage de la dysplasie coxofémorale chez le chien).

L’utilisation des rayons X présente des risques pour le manipulateur (qui fait beaucoup de radiographies chaque semaine) et pour l’animal. En effet, les rayons X sont nocifs pour la santé, peuvent provoquer des cancers, des anomalies génétiques et des troubles sur le fœtus chez les femelles gestantes.

Ainsi, pour se protéger, votre vétérinaire et ses assistants se vêtent de tabliers, de lunettes et de protections de plomb qui arrêtent les rayons X au cours de l’examen. Il ne vous est en général pas autorisé  à participer à cet examen, si vous devez le faire exceptionnellement, demandez à bénéficier de protections mais vous ne devez jamais être présente dans la salle de radiographie si vous pensez être enceinte.

Pour l’animal, les risques sont cumulatifs mais l’intérêt du résultat de l’examen est bien plus bénéfique. Cependant, il est préférable d’éviter de multiplier les radiographies lorsque cela est possible (exemple : bien demander les radiographies à votre vétérinaire lorsque vous allez chez un vétérinaire référant).

Techniques complémentaires de la radiographie conventionnelle

Pour visualiser certains organes, il est possible d'utiliser des produits de contraste, en les administrant par voie orale, pour voir le tube digestif par exemple, ou par voie veineuse, pour marquer le trajet des voies urinaires (reins, uretères, vessie, urètre). Ces examens s'appellent un transit baryté, une urographie intra-veineuse…

Radiographie après un transit baryté (le produit de contraste a été avalé et marque le trajet du tube digestif, ici l’estomac et le duodénum) G. Outters

L’amplificateur de brillance ou radioscopie consiste à transformer l’image radiante en signal lumineux (amplificateur) ou en signal vidéo qui sera numérisé. Ce type d’examen radiographique permet d’observer des mouvements d’organes internes et/ou le cheminement de produits de contraste, d’obtenir une image instantanément lorsque le temps est un facteur important et de servir d’aide au positionnement. (Exemple : recherche d’anomalies de fonctionnement du larynx).

Que peut-on voir à l'examen radiographique ?

L'examen radiographique donne une image en deux dimensions, dans des nuances de gris.

  • Noir : l’air contenu dans les poumons ou dans le tube digestif.
  • Nuances de gris foncé à moyen : les liquides ou organes liquidiens (cœur, foie, reins, vessie, vaisseaux, masses, kystes, abcès…).
  • Nuances de gris clair : les os.
  • Blanc : le métal.

Structures et lésions osseuses

La radiographie est l'examen de choix dans la recherche de lésions osseuses de type fracture, luxation, tumeur osseuse, infections osseuses.

En fin de gestation, les squelettes des fœtus sont visibles à la radiographie.

   

Radiographies d’une fracture multiple de l’ulna et du radius (face, profil et 4 semaines après chirurgie)
(G Outters)

Radiographie d’une chienne en fin de gestation (4 chiots) (G Outters)

Lésions des tissus mous du thorax

Les images thoraciques sont assez parlantes car il existe un fort contraste entre les poumons, noirs, et le cœur, gris. On examine également la trachée, l'œsophage et le médiastin.

La modification du volume et de la forme du cœur  est visible à la radiographie ; elle ne préjuge en rien de l'intérieur du cœur et de ses cavités.

La radiographie est un très bon examen des lésions pulmonaires : bronchite, pneumonie, tumeur ou métastase pulmonaire, hypertension pulmonaire, épanchement, œdème pulmonaire...

Radiographie thoracique (cœur, poumons, trachée, gros vaisseaux) (G Outters)

Lésions des tissus mous de l'abdomen

La différence entre les organes abdominaux est beaucoup moins flagrante à la radiographie puisque leur densité est très proche. La radiographie abdominale est cependant un excellent examen pour visualiser le contour du foie, des reins, de la rate et de la vessie, et rechercher des corps étrangers sous certaines conditions (cf. infra)  (dans le tube digestif ou des calculs dans la vessie).

Radiographies dentaires

Les radiographies dentaires sont des images de la structure interne des dents et des os qui les entourent. Les images produites permettent de déceler les problèmes invisibles qui se trouvent sous la surface des dents et des gencives. Standard en dentisterie humaine, la radiographie dentaire se démocratise en médecine vétérinaire et est incontournable chez les praticiens référant en dentisterie. Ces radiographies permettent d’explorer les lésions causées par la maladie parodontale (maladie induite notamment par l’accumulation de tartre), les fractures osseuses, les lésions résorptives chez le chat, les kystes, les abcès ou les tumeurs.

Radiographie dentaire (dents normales)

Que ne peut-on pas voir en radiographie ?

La radiographie conventionnelle est une image statique qui ne permet pas de préjuger des mouvements à l'intérieur de l'organisme.

Rappelons que les images en radiographie sont en deux dimensions et que pour explorer correctement une zone, il est souvent nécessaire de réaliser deux clichés pour visualiser mentalement la lésion en trois dimensions.

La recherche de corps étrangers intestinaux n'est possible à la radiographie que si ce corps étranger a une densité différente de celle des structures abdominales : un os, un caillou, ou une pièce métallique seront nettement visibles alors qu'un morceau de caoutchouc, de cuir ou de tissu sera invisible. Le vétérinaire fera tout de même le diagnostic d'occlusion intestinale par la recherche de lésions associées (présence importante de gaz en amont de l'occlusion par exemple).

De même, certaines tumeurs ou masses abdominales ayant la même densité que les organes abdominaux ne peuvent pas être distinguées sur les images radiographiques.

La radiographie cardiaque permet d'évaluer son contour extérieur mais n’indique en rien les caractéristiques intérieures des cavités et leur fonctionnement dynamique.

Les images radiographiques n'ont pas une très bonne résolution, c’est-à-dire qu'elles ne permettent pas de visualiser de petites lésions, en particulier dans le tissu pulmonaire à la recherche de métastases : celles-ci ne sont visibles qu'à partir de 1 cm de diamètre.

Les radiographies du crâne permettent de rechercher des traumatismes des os (fractures), mais pas des lésions du tissu cérébral à l’intérieur de celui-ci de type tumeur ou anomalie vasculaire par exemple.

La radiographie conventionnelle est un outil de diagnostic disponible chez quasiment tous les vétérinaires, relativement peu onéreux et facile d'utilisation. C'est un examen bien adapté pour les milieux naturellement contrastés comme le poumon. Les inconvénients de la radiographie sont son faible pouvoir de résolution et l'obtention d'images dans un plan. Il s'agit d'un examen qui n'est pas dénué de toxicité pour l'animal et le manipulateur et dont il faut doser le bien-fondé.