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La douleur chez le chien

La douleur est un mécanisme de défense indispensable à la survie de l’espèce : à l’origine d’un comportement d’évitement, elle permet de diminuer la cause de la douleur ou d’en limiter les conséquences. Par exemple : un chien se casse une patte. Sans l’apparition de la douleur, il continuerait à se servir de son membre blessé, ce qui aggraverait les lésions.

Les mentalités concernant le traitement de la douleur chez les animaux ont bien évolué ces dernières années et il est désormais possible de limiter la souffrance d’un animal, quelle qu’en soit la cause (suite d’une intervention chirurgicale, progression d’un processus arthrosique…).

N’hésitez pas à faire part à votre vétérinaire de votre inquiétude si vous avez l’impression que votre chien souffre : il a à sa disposition de nombreux antalgiques (médicaments « anti douleur »)  pour soulager votre compagnon.

Quels sont les différents types de douleur ?

On distingue deux types de douleur :

  • La douleur aiguë apparaît brutalement et est généralement d’origine traumatique, chirurgicale ou infectieuse. De durée limitée, elle rétrocède rapidement (si on supprime la cause de la douleur) et répond bien aux antalgiques.
  • La douleur chronique apparaît de façon plus insidieuse et peut se prolonger sur plusieurs mois, voire plusieurs années. Elle est liée à un processus malin évolutif (douleur cancéreuse),  à un processus dégénératif évoluant lentement (douleur arthrosique) ou fait suite à une douleur aiguë (douleur post-traumatique). La douleur chronique est plus difficile à mettre en évidence et répond moins bien aux antalgiques. C’est pourquoi il est essentiel de ne pas laisser la douleur s’installer et de la traiter le plus précocement possible.

> La douleur cancéreuse est souvent qualifiée de « douleur aiguë récurrente » : elle semble fluctuer autour d’une douleur « de base » chronique, avec des poussées douloureuses aiguës.

Quel est le mécanisme de la douleur ?

Quelle qu'en soit la cause, le mécanisme physiologique de la douleur est toujours le même et peut être simplifié de la façon suivante :

  • Toute lésion (blessure, irritation, inflammation…) est immédiatement à l'origine d'un message nerveux capté par les « terminaisons nerveuses » ou récepteurs de la douleur, présents dans tous les tissus du corps : muscles, viscères, peau, os, tendons, ligaments, plèvre, péritoine, méninges…
  • Ce message est ensuite transmis par les fibres nerveuses au cerveau, en passant par la moelle épinière.
  • Une fois arrivé au cerveau, le message est perçu comme une douleur.
  • Une réaction motrice se met en place par réflexe : évitement de la douleur, fuite…
  • La réaction du corps face à la douleur ne se limite pas aux seuls mouvements d'évitement : le corps réagit également en sécrétant des morphines naturelles, les endorphines ou endomorphines, qui jouent un rôle inhibiteur de la douleur.

> Quelle que soit sa localisation, la douleur est perçue par le cerveau.

Comment reconnaître la douleur chez le chien ?

- La douleur aiguë est relativement facile à mettre en évidence. Même si le chien en consultation chez le vétérinaire a tendance à masquer sa souffrance, un propriétaire attentif aura remarqué à son domicile quelques signes typiques de douleur :

  • Une modification de l’apparence : en particulier les yeux grands ouverts avec les pupilles dilatées ou au contraire un regard voilé avec des paupières mi-closes.
  • Une accélération de la respiration.
  • Des troubles de l’humeur : prostration, agitation, nervosité…
  • Des postures anormales selon la localisation de la douleur : suppression d’appui d’un membre, modification du port des oreilles, modification du port de tête (cou « rentré »), respiration rapide et superficielle, abdomen remonté, ventre dur, dos voussé, queue basse…
  • Des modifications de la démarche : raideur, boiterie, refus d’effectuer certains mouvements…
  • Des modifications de l’activité : léchage compulsif, grattement…
  • Des vocalises : plaintes, gémissements, grondements, aboiements…
  • Des réactions de défense ou d’agressivité lors de la manipulation de la zone douloureuse.

- La douleur chronique est plus difficile à identifier. Elle se traduit souvent par des modifications de l’état général : perte de poids, manque d’appétit, troubles du sommeil, calme inhabituel, désintérêt pour le jeu et l’entourage, agressivité ponctuelle. Ces troubles s’apparentent à un état dépressif.

> Certaines races de chiens (bergers, molosses…) sont réputées pour leur stoïcisme et leur tolérance à la douleur. Inversement, les caniches et les terriers sont particulièrement sensibles à la douleur (même si cela ne repose sur aucun fondement scientifique). Un propriétaire attentif saura toutefois toujours reconnaître que quelque chose ne va pas chez son compagnon.

Comment soulager la douleur ?

- Le traitement de la douleur aiguë repose sur le traitement de la cause de la douleur, lorsque cela est possible, et sur l’administration d’antalgiques. De nombreuses classes de médicaments sont utilisables :

  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : kétoprofène, carprofène, flunixine, piroxicam, méloxicam, cimicoxib, robenacoxib, firocoxib…
  • Les opioïdes : butorphanol, buprénorphine, morphine, fentanyl, méthadone… Ces molécules sont administrées par le vétérinaire, les propriétaires d’animaux ne peuvent pas en posséder chez eux.
  • Les anesthésiques locaux : lidocaïne, bupivacaïne…
  • Des sédatifs analgésiques : a2-agonistes.
  • Des anesthésiques centraux administrés à très faible dose : kétamine.

Selon les cas, les antalgiques peuvent s’administrer par voie orale, par injection (intraveineuse, intramusculaire ou épidurale), par voie rectale (suppositoire) et depuis peu par voie transdermique sous forme de « patch » appliqué directement sur la peau après une tonte locale.

> De nombreux praticiens utilisent à titre préventif des antalgiques avant une intervention chirurgicale. Cela permet de stopper au maximum le message douloureux induit par la chirurgie, de diminuer les quantités d’anesthésiques nécessaires et donc d’en limiter les effets secondaires. N’hésitez pas à vous renseigner sur le protocole utilisé par votre vétérinaire avant, pendant et après l’intervention.

- Le traitement de la douleur chronique repose sur l’utilisation des antalgiques mais également des antidépresseurs ou des sédatifs, en relation avec l’état dépressif qui accompagne les douleurs chroniques. Il s’accompagne de mesures plus générales, essentiellement environnementales. Ces mesures sont bien évidemment individuelles, mais on peut citer : positionnement des gamelles en hauteur pour les chiens souffrant de raideur dans le cou, utilisation de rampes pour qu’un chien ayant du mal à se déplacer n’ait pas à monter ou descendre des escaliers, couchage sur des coussins spéciaux anti douleur (en mousse visco-élastique)…

> La douleur cancéreuse répond bien aux antalgiques en début d’évolution, mais sur le long terme apparaissent une tolérance aux médicaments et une dépendance physique qui rendent les antalgiques moins efficaces. Mais ne vous inquiétez pas, votre vétérinaire dispose d’autres molécules ou d’autres mesures de physiothérapie pour soulager ce type de douleur.

Comment mettre en place un traitement antalgique ?

La mise en place d’un « plan anti douleur » sur une longue durée nécessite un véritable dialogue entre vous et votre vétérinaire.

  • Respectez strictement la posologie (dose, rythme d’administration, voie d’administration, durée du traitement…). Ne donnez rien de votre propre pharmacie : les effets secondaires du paracétamol et de l’aspirine en particulier peuvent être désastreux sur un animal. N’augmentez pas les doses, ne changez pas d’antalgique et n’associez pas plusieurs antalgiques de votre propre initiative.
  • Signalez immédiatement l’apparition d’effets secondaires (diarrhées, vomissements, léthargie…).
  • La réponse à un antalgique est individuelle : chaque chien ou chat répond différemment, il faut parfois en essayer plusieurs avant de trouver celui qui soulage votre animal.
  • Evaluez régulièrement ensemble l’efficacité du traitement.

> N’hésitez pas à prendre l’avis de votre vétérinaire par téléphone.

Quelques idées fausses sur la douleur :

> Un animal ne peut pas souffrir : on pensait la même chose pour les enfants en bas âge il y a quelques années. Les mentalités ont évolué et on sait désormais que tout animal (même un poisson rouge, c’est prouvé scientifiquement !) ressent de la douleur.

> La douleur a un effet protecteur : on pense souvent que la douleur empêche le chien d’être trop actif (surtout après une intervention) et facilite ainsi la guérison. Il existe d’autres moyens que la douleur pour limiter l’activité : confinement, tranquillisants… De plus, dans certains cas de chirurgie orthopédique, une reprise rapide de l’activité facilite la rééducation, évitant l’ankylose et l’atrophie musculaire.

> La douleur est un symptôme et permet d’établir plus vite un diagnostic : certes, mais ce n’est pas parce que l’on diminue la douleur que l’on arrête l’évolution de la maladie. Le diagnostic pourra être établi de la même façon.

> Les antalgiques puissants (type morphine) ont des effets secondaires : l’accoutumance est souvent la première crainte, mais le bénéfice du traitement surpasse généralement le risque et leur utilisation est possible de façon raisonnée sur de courtes périodes. Les morphiniques sont d’utilisation bien plus sûre en médecine vétérinaire qu’en médecine humaine ; les effets digestifs/hallucinogènes en particulier sont faibles chez l’animal.