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Le suivi de gestation chez la chienne

Dans la grande majorité des cas, la gestation de la chienne se déroule sans aucun souci et la plupart des propriétaires ne pensent pas à consulter le vétérinaire pendant cette période. Idéalement, il faudrait pourtant assurer le suivi de la gestation en présentant la chienne deux fois à la consultation : une première fois dans la 4e semaine et une seconde fois dans la 8e semaine.

 

 

La première visite à 4 semaines de gestation

Cette visite a plusieurs objectifs : vérifier la réalité de la gestation, estimer la date de la mise-bas, réaliser un bilan de santé de la chienne, adapter son régime alimentaire, établir un planning de traitement contre les parasites internes et externes.

Vérifier la réalité de la gestation

À 4 semaines, la gestation peut être mise en évidence par une palpation abdominale et/ou une échographie et/ou un dosage hormonal de la relaxine (hormone spécifique de la gestation).

Estimer la date de la mise-bas

Pour estimer la date de la mise-bas avec le maximum de précision, il est préférable de prendre comme point de départ de la gestation le jour de l’ovulation. La durée de la gestation est alors de 61-65 jours (63 jours, soit 9 semaines, en moyenne).

La méthode la plus fiable pour connaître avec précision la date de l’ovulation est le dosage de la progestéronémie (quantité de progestérone dans le sang) réalisé au moment des chaleurs de la chienne. Les mesures de référence peuvent varier légèrement selon les laboratoires, mais on considère généralement qu’une chienne ovule lorsque la progestéronémie atteint 5 à 8 ng/ml (quand ce taux est atteint, la chienne doit être saillie ou inséminée dans les 24-48 heures qui suivent, puis éventuellement à nouveau 48 heures plus tard).

En revanche, si l’on prend comme point de départ de la gestation le jour de la saillie fécondante, la durée de la gestation est comprise entre 57 et 70 jours. En effet, les ovocytes expulsés par les ovaires ne deviennent des ovules fécondables qu’après 48 à 96 heures de maturation dans les trompes utérines. De plus, les spermatozoïdes peuvent survivre plusieurs jours dans les voies génitales. Une saillie peut donc être fécondante même si la chienne est saillie 5 jours avant ou après l’ovulation.

Si ni la date de l’ovulation, ni la date de la saillie ne sont connues, il est possible d’estimer le nombre de jours restants avant la mise-bas en fonction des mesures du diamètre des cavités chorioniques (ICC) en début de gestation ou du diamètre bipariétal (BPD) en fin de gestation. Cela nécessite un échographe de bonne qualité et une bonne expérience du vétérinaire.

La connaissance de la date précise de la mise-bas permet au propriétaire de s’organiser pour être présent le jour J et au vétérinaire de détecter un problème médical (gestation trop longue ou au contraire mise-bas prématurée).

Réaliser un bilan de santé

À l’occasion de cette visite, le vétérinaire note le poids de la chienne et son état corporel, sa température, ses fréquences cardiaque et respiratoire. Il vérifie la date des dernières vaccinations et vermifugations et se renseigne sur les antécédents médicaux de la chienne : a-t-elle eu des soucis de santé et prend-elle actuellement un traitement ? Il interroge également le propriétaire sur les éventuelles précédentes gestations : combien de portées la chienne a-t-elle déjà eu, comment se sont déroulées les mises-bas, les chiots étaient-ils tous vivants à la naissance, a-t-elle déjà avorté (de façon spontanée ou provoquée)… ?

Adapter le régime alimentaire

Une chienne gestante a des besoins nutritionnels particuliers : le développement et la croissance des petits dans l’utérus requièrent de l’énergie et certains nutriments sont indispensables afin d’optimiser le bon déroulement de sa gestation. Son alimentation doit être adaptée à ses nouveaux besoins.

  • Chez les chiennes de petites et moyennes races, un aliment d’entretien de très bonne qualité peut être distribué jusqu’à la 5e semaine de la gestation, sans en augmenter les quantités. En revanche, à partir de la 6e semaine, la ration doit être augmentée de 10 % par semaine, en effectuant une transition alimentaire (sur une semaine) vers un aliment spécifique plus concentré en énergie : les aliments complets premium spécifiquement formulés pour la croissance des chiots conviennent parfaitement aux chiennes gestantes.
  • Chez les chiennes de grandes races et de races géantes, le changement alimentaire vers un aliment plus concentré en énergie peut être pratiqué plus tôt, voire dès le début de la gestation. Si un aliment de type croissance ne suffit pas à maintenir la chienne en état, il faut lui proposer un aliment plus concentré en énergie, du type des aliments destinés aux chiens très actifs (sport ou travail).

Si la chienne est trop maigre au moment de la saillie, il est conseillé de lui faire prendre un peu de poids pendant la première moitié de la gestation ; inversement, une chienne trop grasse a tout intérêt à perdre du poids. 

Le suivi du poids et surtout de l’état corporel de la chienne gestante est essentiel : la maigreur et l’obésité sont des facteurs de risque importants. Une perte de poids chez la chienne gestante peut induire des complications (avortements, chiots de faible poids à la naissance, chiots mort-nés, etc.) et/ou être le signe d’une maladie sous-jacente ou d’une sous-alimentation. Inversement, l’obésité induit des difficultés lors de la mise-bas (des dépôts de graisse dans la filière pelvienne bloquent le passage des chiots). L’idéal est de peser la chienne une fois par semaine et de reporter son poids sur un graphique. En cas de perte de poids ou si le poids de la chienne dépasse 25 à 30 % de son poids initial (25 % pour les races grandes et géantes et 30 % pour les races petites et moyennes), une visite chez le vétérinaire s’impose pour vérifier l’état de santé de la chienne et/ou rééquilibrer la ration alimentaire.

Établir un planning de vermifugation

Les traitements antiparasitaires externes (contre les puces et les tiques principalement) et internes (contre les vers ronds essentiellement) doivent être pratiqués selon un protocole précis et uniquement avec des produits autorisés sur les chiennes gestantes.

Si la chienne n’a pas été vermifugée dans les 3 derniers mois, il est conseillé de la vermifuger le jour de la consultation puis 15 jours avant la mise-bas.

Théoriquement, les chiennes doivent être vaccinées avant la saillie. Si une vaccination est nécessaire pendant la gestation, elle doit impérativement être pratiquée avec certains types de vaccin, sans contre-indication pour la chienne gestante.

Si la chienne n’est pas à jour de ses vaccinations, le vétérinaire évalue les risques infectieux pour décider ou non de vacciner pendant la gestation.

La seconde visite à 8 semaines de gestation

Cette seconde visite permet de vérifier que la gestation est maintenue, d’évaluer le nombre de chiots et leur vitalité, de pratiquer un examen gynécologique et éventuellement de planifier une césarienne.

 

Évaluer le nombre de chiots

Une radiographie de l’abdomen de la chienne permet de dénombrer les fœtus, en comptant les colonnes vertébrales et les boîtes crâniennes. Le comptage du nombre de fœtus par échographie est possible, mais peu fiable (60 % d’erreur en moyenne, généralement par sous-estimation du nombre) surtout si la chienne est de grande taille et la portée nombreuse. L’estimation du nombre de chiots à l’échographie est souvent plus aisée à la première visite.

La connaissance du nombre de chiots à venir est importante pour gérer au mieux la fin de la gestation et la mise-bas :

  • L’alimentation de la chienne doit être adaptée au nombre de chiots à naître pour éviter une perte ou un gain de poids trop important en fin de gestation.
  • La mise-bas nécessite une surveillance particulière en cas de chiot unique (risque de dépassement de la date du terme, chiot de grande taille entraînant une disproportion fœto-maternelle, difficulté lors de la mise-bas par stimulations insuffisantes de l’utérus, etc.) ou de portée nombreuse (chiots de faible poids nécessitant des soins de ranimation, engagement de deux chiots en même temps dans le corps de l’utérus, etc.).
  • La réaction doit être rapide si un ou plusieurs chiots restent à naître et que la chienne ne présente plus de contractions.

Enfin, la connaissance du nombre de chiots à venir permet une meilleure gestion pratique, surtout si la portée s’annonce nombreuse : le propriétaire de la chienne peut commencer à chercher des acquéreurs.

Évaluer la vitalité des chiots

À l’échographie, les battements de cœur des fœtus sont visibles dès le 24e jour de gestation et leurs mouvements à partir du 28e jour. L’échographie permet aussi de déceler d’éventuelles anomalies : un décollement du placenta (séparation prématurée entre le placenta et l’utérus maternel), l’absence d’un membre ou d’un organe, une bicéphalie, une anomalie osseuse ou cardiaque majeure, etc.

Pratiquer un examen gynécologique

L’examen gynécologique peut mettre en évidence d’éventuels obstacles à la mise-bas comme des brides vaginales (surtout pour les primipares et certaines races de Bergers prédisposées).

Planifier une césarienne

Si l’examen gynécologique et la radiographie montrent un obstacle à une mise-bas par les voies naturelles (signes de mort fœtale, disproportions entre la taille des fœtus et celle de la mère, ancienne fracture du bassin ayant entraîné la formation d’un cal osseux, persistance d’une bride vaginale, hypoplasie vaginale, périnée résistant, etc.), la décision de planifier une césarienne peut être prise à ce moment-là.

Remarque : il n’est pas possible actuellement de déterminer le sexe des chiots à naître.